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dimanche 3 mars 2013

Chicane, le vielleux manchot

Marc Puygrenier est un homme passionné.
Après une vie professionnelle intense, il prend désormais le temps de parcourir les chemins qui mènent de nos beaux pays de France à Compostelle ou d'une province d'Asie à une autre. Dans son atelier, ou au calme de son bureau héraultais de Clapiers, où se comptent les livres par dizaines de centaines, il passe également du temps à écrire, à peindre… et à jouer de la vielle à roue.
Sa rencontre avec cet instrument, il commença à nous la narrer un soir de juillet, lors de ce Paratge hors-les-murs, où il nous avait préparé une paella d'anthologie. Demandons-lui de reprendre cette merveilleuse histoire ; il y a, à la source du récit, un vielleux que personne, ici, n'a connu, mais dont tout le monde se souvient en son village creusois…

Ces deux portraits résument la naissance de ma vocation de « vielleux » — comme on dit en Berry.
Le premier portrait du « Vielleux mutilé et l’enfant », pastel, peint à la fin des années '50, par Gaston Thiéry, artiste résidant et travaillant à Fresselines, en Creuse, fut certainement pour moi la première occasion de voir une vielle ; car, dans mon enfance, je fréquentais l’Atelier de Gaston Thiéry. Ce qui est étonnant, dans le cas du père Pinet, dit « Chicane », qui avait perdu son bras droit à la Grande Guerre, c’est qu’il avait appris à son petit neveu, Antoine, à tourner la roue… Maîtrisait-il le coup-de-quatre ou la mitraillette ? Je l’ignore.

Le vielleux mutilé et l'enfant © Gaston Thiéry


Par la suite, lors des grandes fêtes patronales du village de Fresselines, à la Saint Julien, les Gars du Berry défilaient dans les rues, au son des vielles et des cornemuses (quarante ou cinquante musiciens), et animaient des bals de danses du Berry (bourrées, chèvre, bure, pélé, polka, etc.) et du Limousin, notre village de la Marche étant à la limite des deux provinces, et juste à la frontière entre Pays d’Oc et Pays d’Oil. C’est le « père Soing » qui, à cette époque, début des année '60, dirigeait les Gars du Berry. Il jouait de la vielle avec sa fille et ses maîtres sonneurs.

Marcel Soing, facteur de vielles © collection Marc Puygrenier

J’avais dix ou quatorze ans, et je rêvais d’apprendre à jouer de ces instruments. Il m’aura fallu attendre cinquante ans, pour commencer à réaliser ce rêve.


Marc Puygrenier.

1 commentaire:

  1. Une tranche d'histoire, superbe iconographie."Le vielleux mutilé" est fantastique et son traitement rappelle certains Dali. Bien beaux et bien bons souvenirs de ce paratge hors les murs, merci pour cette invitation.

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