« Le paratge, pour les troubadours, est la reconnaissance chez l’autre, d’un ensemble de valeurs artistiques et humaines déterminant la noblesse de cœur caractéristique du monde roman ou occitan médiéval.
À Tourbes, les rencontres de ces musiciens sont basées sur le partage de connaissances viellistiques, sans hiérarchie, considérant l’équivalence de chacun. »
Mieux que l'IPhone 10 ou l'intégrale de Johnny Hallyday, le Père Noël nous apporte un véritable cadeau, cette année !
Utile, agréable, précieux, indémodable, et qui fera des envieux !
Voici les planches originales dessinées par Maître Marc, qui rappellent les principaux modes musicaux chers aux claviers de nos vielles.
De Do à Si, et inversement, les modes sont déclinés.
Écarts précisés, notes réelles (pour clavier en Ré) et notes fictives, vous transposez d'un coup d'œil.
Nom du mode selon la note de référence ou nom savant, les langages n'ont plus de secret.
Les touches à jouer sont noircies, et colorées lorsqu'elles grimpent sur les dièses et les bémols de l'échelle de votre instrument.
Petit bonus sympa : le chemin est figuré, comme pour vous permettre de visualiser le parcours à effectuer.
C’est ce 8 novembre, entre chien et roue, que j’avalais les kilomètres pour répondre à l’appel des sirènes dans les parages de Tourbes et me rendre au désormais célèbre Paratge des sirènes.
« Un 8 novembre, il s’agit d’un deuxième mercredi, me direz-vous. »
— Il est vrai, mais le premier étant férié, il fallait décaler », vous répondrai-je
La nouveauté n’est pas ce hasard calendaire, mais bien le point de chute. Pour continuer notre transhumance amorcée à Agde (cf. les Échos précédents), nous passons de la calandreta piscénoise au foyer tourbeux, tourbois, tourbais… de Tourbes. C’est dans une nouvelle et grande bâtisse, que je retrouvais mes compères et commères (pour respecter la parité, quoique la féminin soit plus péjorativement connoté, allez savoir pourquoi). Outre les traditionnels Magalie, Thierry, Alain, Jibé… j’y rencontre Nathalie, toute nouvelle.
Cette saison riche en nouveaux primomanivellants — que les taliban(quette)s de l’orthographe inclusive m’excusent mais la féminine est incluse dans le terme —, nous sommes convenus avec Jibé de séparer le groupe du premier atelier en deux, d’autant que le vaste espace de notre nouveau foyer nous le permet ; inaugurant, par ce biais, l’atelier Premier heurt, pour les débutants, et pour ceux (je n’irai pas à la celles) qui pratiquent plus ou depuis plus longtemps, L’heure dégourdie (jeu de mot subtil qui parle aux outre-manchots de la vielle à roue). De coton en chanterelles, les ateliers se déroulent en parallèle. D’un côté, Nathalie, trouvant qu’il est charmant son guide (pour faire du Bécaut des sirènes), avec Jibé. Thierry pourvoyeur en vielle, reste à leur côté pour parfaire les réglages de sa vielle de location ; quant à Alain, préférant jouer la prudence, il les accompagne.
De l’autre côté du couloir, dans la bibliothèque, le colonel Moutarde — non je m’égare —, Magalie, Camiiiille, Fabien et sa douce, Neige, (que les amateurs de solfège ne comptent pas sur moi pour dire qu’une blanche vaut sept nains) venue voir dans quel antre de perdition se rendait mensuellement son copain. Sous l’œil bienveillant d’un saint Joseph de vitrail — la bibliothèque est une ancienne chapelle, nous apprend Magalie — nous enchainons les exercices et les morceaux.
Arrive Pascal, fringant, le sourire, l’œil qui frise.
Pascal, non suivi de Pat, qui boude nos rencontres car privé de dessert depuis les désertions de Marie. On entoure le mestre, qui propose, en préambule, une sorte de débriefing du Paratge-hors-les-murs. Sa pensée pourrait se résumer ainsi : "sur un morceau complexe, trop de vielles tuent la vielle" ou encore "tant vont les vielles à roue, qu'à la fin elles s'enrouent" ; j'en resterai là des réflexion, pour ne pas prêter la caisse aux quolibets des autres cornemuseux ou violoneux de mauvais alois. Compte tenu de notre nombre, mieux vaut peu avec orchestration, que beaucoup de monde qui mouline la mélodie. Étant entendu qu'une bonne critique s'accompagne de propositions, nous entamons un travail sur la "Bourrée du hibou", variation éthylique sur un volatile nocturne pas trop chouette.
Enfin… la troisième mi-temps du Paratge, autour de bonnes bouteilles et d'un parterre de victuailles, nous distribuons assiettes et couverts que notre nouvelle, Nathalie, a apportés en plus d'une bonne salade (rappelant en cela, notre Sylvia-des-familles, qui fut longtemps la cantinière de ce beau monde). Une bonne salade aux choux, qui oblige Jibé à décliner la proposition, ce dernier se méfiant, pour cause de santé, de toute substance pétogène. Nous sachant à l'abri d'une conclusion façon "La grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf", nous tendons nos écuelles et accompagnons ce chou d'autres mets.
À la mastication se joint la discussion, Nathalie nous explique son goût pour les couverts en bois, Pascal nous fait un exposé clair et concis des générations de tradeux et de leurs caractéristiques, Magaline — ou plutôt, Alexandrie, à moins que ce ne soit Amélie, Félicie ou Antigone — nous réexplique son voyage atypique dans les prénoms, pour ceux, nombreux qui n'auraient pas suivi, disons qu'un espion n'a qu'a bien se tenir ; Thierry et son orchestre nous font la rentrée des biquettes au bercail pour rendre hommage à un chèvre de combat qui vous rétracte les gencives et vous décape l'émail des dents ; Fabien, grand amateur de bal, nous explique les dangers de certaines races félines parcourant les planchers qui ne font qu'une bouchée du jeune gandin tout à son pas de Chapeloise ou autre et qui en oublie son instinct de survie. Ce dernier sans le vouloir et le savoir non plus, déclenche un fou rire jibiesque, virus fortement communicatif puisque j'y succombe à tous les coups ; c'est donc avec des crampes abdominales et mal aux côtes que nous rangeons la table.
Nous nous séparons avec la ferme intention de nous retrouver le premier mercredi du mois suivant à la même adresse.
C'est
décidé : vous voulez acheter un bel instrument, et vous filez en quête du vide-grenier dominical, pour
dénicher la vielle de vos rêves. Une Pajot, une Pimpart, une Nigout, une
reluisante Chougnard® d'époque ?
Entre les
services en fausse porcelaine, les almanachs, les pupitres d'écoliers
et les copies de violon Stradivarius, vous avez, enfin,
repéré le stand où de jeunes gens qui ne savent rien à l'art et à la
poésie sonore se débarrassent d'une machine infernale qui prenait
poussière dans les combles de cette vieille maison de village achetée en
viager il y a si longtemps.
Voici les détails d'un instrument
nouvellement en vente, dont l'annonce vient d'arriver à la rédaction du Blog qui bourdonne.
Il serait dommage que cette vielle centenaire ne joue plus…
Vielle à roue Pajot fils de Jenzat, 1900
Fabriquée en 1900, la vielle est numérotée n°3.
Elle a subit les assauts du temps, mais, restaurée, elle fera le bonheur d'un musicien ou d'un collectionneur.
Vielle ronde.
Six cordes.
Tête sculptée.
Marqueterie et décors, sangle d'époque, pommeau blanc.
Instrument dans noter région : à voir, à Barjac (Lozère).
Prix : faire offre
Contact : leparatge [a] gmail.com
Mercredi 4 octobre, grand jour à plusieurs égards : un mois après la rentrée des classes, le Paratge fait la sienne à l’école de la Calendreta dels Polinets de Pézenas, et il a profité de l’été exceptionnellement chaud pour faire des petits : Gilles, dit « l’abeille », et Angel, font leurs débuts giroviellistiques. Des retrouvailles, du sang neuf, et, pour couronner le tout, c’est l’anniversaire de Magalie, qui a prévu cinq gâteaux, une caisse à champagne, des guirlandes et des cotillons, pour célébrer dignement l’événement dans une fête à tout casser.
À 17h30, on est… sept (sans les bleus) : Jean-Brice, Pierre, Fabien, Thierry, Alain, Magalie, et Ana, que Pablo a bien voulu nous prêter pour la soirée. L’habituel ovale se reforme, et Angel et Gilles se retrouvent prestement flanqués d’une élégante Havond sur leurs genoux respectifs. Pour tout dire, quelques mauvais esprits avaient imaginé les affubler d’essoreuses à salade pour leurs premiers tours de manivelle, mais avaient reculé devant l’article 14 de la loi du 17 juin 1998. Fraîchement équipés de leur vielle grâce à notre prévoyant fournisseur Thierry, Gilles et Angel commencent à écouter avec componction DJ JB leur transmettre les premiers secrets des maîtres tourneurs de manivelle. Pendant ce temps, Fabien, dont la chaise était sans doute restée trop près du radiateur, se met à s’agiter sur son séant, ne sachant plus comment se retenir de s’élancer dans un solo endiablé. Il doit néanmoins y parvenir, la mise en route d’un girovielliste neuf nécessitant quelques minutes. Nous pouvons, à l’issue de celles-ci, jouer tous de concert "La bourrée des frères Guillemain", avec Angel et Gilles au chien de un. Quelque temps plus tard, notre meneur à casquette nous présente une bourrée à deux temps aux accents furieusement orientaux : "La bourrée du hibou". L’effet est immédiat : les portables jaillissent de toute part en s’allumant, et viennent se dresser tout autour de cette mélopée orientalisante. L’instrument du IXe siècle dans une main, le portable dans l’autre, quelques viellistes décidés immortalisent la mélopée. La bourrée du بومة sera donc le prochain morceau à travailler pour le premier atelier.
Mais, alors qu’il n’y a déjà pas grand monde dans le paratge, voilà qu’Alain prend la poudre d’escampette, bientôt suivi par Pierre, qui laisse sa chaise encore toute chaude à Patrice qui arrive pour le second atelier. Fabien, ne tenant plus sur la sienne, lâche tous les gaz et s’élance enfin dans un duo endiablé avec son nouveau voisin. Après avoir accompagné et contenu Fabien, Patrice propose à son tour un morceau pour le second atelier. Est-ce le chlouc qui souffle un peu fort depuis la Tunisie, ce soir, mais voilà que nous apprenons que nous allons jouer la "Touchia زيدان (Zidane)". Les esprits s’emballent, et s’interrogent suffisamment fort pour qu’on les entende : c’est un morceau de vielle à roue à la gloire d’une touche mémorable de Zizou pendant un match ? Zidane a composé des morceaux pour vielle à roue après les matchs ? Qui c’est qui a écrit un air de vielle à roue pour Zidane… ? Maître Patrice rassemble les esprits égarés de ses ouailles et nous indique qu’il s’agit d’un morceau traditionnel du répertoire arabo-andalou, et que Zidane est tout de même un nom très répandu en Afrique du Nord. Et en remet une couche par mail, trois jours après, pour rectifier "Touchia Zidane" au lieu de "Touche à Zidane" que JB n’a pas manqué d’écrire à tout le monde.
Et la touchia étant en Algérie un prélude à la nouba, voici venue l’heure de la fameuse auberge espagnole du Paratge, véritable banquet gaulois qui clôt chaque aventure paratgesque pour la suite du Partage ; cette fois-ci, des saucissons, charcutailles, bons petits rouges, et bonne humeur générale. Ah, la pizza de Jean-Brice… ! Ah, les gâteaux de Marie… ! On se mettrait à la vielle à roue rien que pour y goûter chaque mois ! Bon, mais cette fois-ci, l’heure est grave, car Marie n’est pas là et c’est l’anniversaire de Magalie. Sur quoi va-t-elle planter ses deux bougies ? En plus, son ami Gilles l’abeille est parti lui aussi, ainsi qu’Ana, et il n’y a plus que six personnes autour de la table en formica. On se régale des contributions de chacun, puis au moment du dessert, Magalie dégaine deux gâteaux. Mais, tant pis pour les flonflons, le champagne et la tournée des grands ducs. Elle remballe son truc en plumes et sa démonstration de cancan. D’ailleurs, voilà qu’en troubadours fabuleux, Jean-Brice et Thierry entament un « Joyeux Anniversaire » toulousain tonitruant sur un rythme de samba, et entonnent à tue-tête « un an de plus qu’elle avait l’année dernière, un an de moins qu’elle aura l’an prochain », tout en filmant un vidéo clip mémorable que pourront visionner les absents, dont Patrice et Angel, bien trop absorbés par leurs discussions, pour se rendre compte de la folie qui s’était emparée de l’autre côté de la table. Bref, la fête fut en partie sauvée par le génie improvisateur de Jean-Brice et Thierry, et Magalie put ne pas pleurer en fin de soirée.
Le rituel balayage s’effectua autour de discussions sur la nécessité de commencer plus tôt le Paratge et de chercher de nouvelles pistes de lieux, mais s’acheva par l’oubli de la poubelle. Nous espérons que la Calendreta gardera un autre souvenir de nous…
Ce 4 septembre 2017 (jour de l'anniversaire de Denise Fabre), la cinquième édition de la clandestine « Fête de la vielle à roue » s'amorce, avec grands fracas de bourdons.
Comme chaque année, cette rencontre underground hurdy gurdy engendre l'exode de la population clapiéroise vers les jardins de Marc et Kakin. Anost, St-Chartier, Ars, et même le festival creusois Vielles etc. à Saint-Georges-Nigremont et le happening canadien Chants de vielles à Saint-Antoine-sur-Richelieu, nous envient pareil succès — et pareils jardins et pareille programmation — consacré à cet instrument singulier !
Côté cour, plusieurs surprises. Alain nous revient d'un été où la vielle est restée sagement dans l'étui ; il nous fait l'immense joie de nous rejoindre en pleine forme, rajeunit, derrière ses lunettes de songeur. Pierre serait venu à Clapiers, assurément, mais pas forcément le bon jour : « Allo, c'est bien demain mercredi, le Paratge hors-les-murs ? » Ah, ces artistes...
Entre rage de dents, maux de ventre, cœur fragile, l'on s'échange Efferalgants et autre potinga de mamée, mais tout le monde va bien. Nos vielles, à l'instar du vélo de Chris Froome, sont chargées comme une cobla de mules.
Même un oud malade, pétassé de sparadrap, se pointe. Petit diagnostic rapide du Docteur Havond, rendez-vous est pris pour un check up complet à la clinique tarasconnaise.
Le véritable remède, pour toutes et tous, est cette petite bombe anti-moustique, plus efficace qu'un concert de palmas à l'heure du loup qui pique. Avec ce service d'ordre réactif, les organisateurs soulignent combien la manifestation est considérée comme à risques.
Autre exercice dangereux : les vielles s'accordent. Ce n'est pas le meilleur moment de la soirée (de l'avis du public), mais il est nécessaire. Dix vielles, multipliées par une dizaine de cordes en moyenne par instrument, le challenge est ambitieux. L'on s'y applique. C'est un peu comme préparer l'apéro, avant un bon repas : indispensable, vital, collégial, mais il ne faut pas se manquer !
D'ailleurs, si les viellent commencent à briller, les verres tintent. Et, sur les tables, le banquet est au répertoire. Crevettes, moules, tiellettes, pain suédois, salades, douceurs ; du salé, du sucré, de l'aigre-doux, du léger, du costaud, tout est étudié pour éviter les carences.
Avec Marie et Magalie, nous cherchons à deviner quels sont les parfums qui se sont mélangés, dans l'après-midi, dans les grandes cuisines alentours. De son côté, Pierre échange ses connaissances sur les cailloux historiques avec un spécialiste (et cornemuseux), déjà rencontré ici l'an passé. Dans le même temps, Jean-Brice fait dans le footage people : casquette vissée sur le chef, il s'inquiète de savoir si des paparazzi l'ont bien repéré.
En duo avec Marc, nous entamons la partie concert. Un "Bacchu ber" et une "Bourrée de Vouvray", donnent le ton. Magalie — recrutée au mercato précédent — lance la formule en grand ensemble, avec un morceau qu'elle démarre à 200 km/h. Puis, introduits par quelques incursions en solo, les dix vielles (sopranos, altos, ténor) du Paratge des Sirènes sonnent d'un même élan : c'est un véritable décathlon viellistique.
On exhibe la jeunesse, Fabien montre qu'il est un vielleux bien fait de sa personne ; on est fier de notre sage Patrice-quarante-ans-de-vielle-vous-contemplent, lorsque ce dernier prouve qu'il a du thème jazz à revendre ; Marie, Jean-Brice et Pierre taquinent la "Bourrée à Aurore Sand", Thierry démontre qu'il est le b-boy du groupe, Alain fait péter la Chougnard® dès que le reste du groupe se traîne. Chacun lance un morceau, les tourneries rivalisent. Pour se distraire, nous brouillons les pupitres avec un "Ballo francese" bien coloré, puis avec une pièce empruntée à Емир Кустурица*, "Underground".
Rentrée des classes oblige, le public est dissipé : ça
papote, ça vanne, ça pouffe ; pas de doute, il y a bien un lot d'instits
(récemment à la retraite, pour la plupart) dans le public !
Le répertoire se poursuit jusqu'à ce que les étoiles s'emparent de la voûte. Avant la minuit, les chanterelles reviennent se caler dans le bois, les ceintures se détachent en silence. Les dix vielles ne résonnent plus que par sympathie, il est grand temps de se donner rendez-vous pour l'année prochaine.
Une fois, encore, les jardins de Marc et Kakin ont tenu leur engagement : faire de cette soirée septembrional, un partage de bel enchantement…
Pascal
* Pour les quelques-uns qui n'ont pas opté pour le serbe en première langue : Emir Kusturica
Il semblerait, que lors du dernier Paratge, le cahier dans lequel avait été brouillonné l'article résumant la soirée ait été dérobé par un fin connaisseur de littérature et de chose viellante.
Zut, nous ne saurons rien de cette soirée…
Pierre, dès que le document est retrouvé, fais-nous signe !
Dès lors que nous arrivons, avec Patrice, des chiens menaçants jappent dans la bâtisse (remarquez l’alexandrin !). Pour un peu, nous nous sentirions préposés aux postes, et nous ficherions, en manquant d'amabilité, quelque journal dans la gueule de l'un de ces cabots.
Mais, bien polis sous nos casquettes, nous entrons discrètement dans le chenil.
Tout en profitant de la mélodieuse fin de l'atelier de la première mi-temps, nous libérons nos propres et sages toutous de nos grands paniers de voyage. Marie, Magalie, Camiiille, Jean-Brice, Fabien et Jean-Pierre, mènent un sextet aussi efficace et bien peigné (sauf Fabien, peut-être) qu'un combo argentin : ça swingue, ça tangue.
Camiiille et Jean-Pierre nous laissent leurs places ; c'est du coaching poste pour poste, l'on se croirait en plein match de Ligue des Champions. Patrice et moi sommes un peu impressionnés, un peu sous pression, au moment d'entrer en jeu : va falloir tenir le résultat, pour cette deuxième mi-temps enjouée.
Pat a d'ailleurs du mal à trouver le rythme : il commence — sans que personne ne le remarque trop — par interpréter "P… de toi" (Georges Brassens), dont le titre est assurément dédié, actualité oblige, à l'une des candidates à la présidentielle française 2017.
Fabien, manivelle à la main — à défaut d'un peigne —, entame alors "Doctor Fegg" ; une composition qui a vu le jour à une époque où il n'avait encore rien à coiffer sur le chef. Nous lui faisons remarquer que, d'une, le titre exact est "Doctor Feg", de deux, qu'il faut la jouer un tantinet moins vite : à 20 km/h, au lieu de 200 km/h. Patrice s'y colle, immédiatement ; ayant probablement mal entendu la consigne, il s'emploie à l'exercice, main gauche à 400 km/h.
Nous reprenons. En respectant les limitations de vitesse : le permis à points se perd rapidement, comme nous le rappelle, justement, un autre candidat à l'élection présidentiel, qui s'immisce sur un petit écran posé devant nous, alors que nous soupons.
Des mots fléchés, avec le vocable qui nous rassemble toutes et tous autour de la même passion ?
Non ??!
Est-ce possible : vielle serait cet instrument à cordes de la définition ? (En cliquant sur l'image, l'on y voit mieux.)
Sans remplir les cases de cet exercice déniché par Eva, l'on ne saura.
C'est l'été, et vous êtes dans une chaise longue : à vos crayons !
C'est
décidé : vous voulez acheter un bel instrument, et vous filez en quête du vide-grenier dominical, pour
dénicher la vielle de vos rêves. Une Pajot, une Pimpart, une Nigout, une
reluisante Chougnard® d'époque ?
Entre les services en fausse porcelaine, les almanachs, les pupitres d'écoliers et les copies de violon Stradivarius, vous avez, enfin,
repéré le stand où de jeunes gens qui ne savent rien à l'art et à la
poésie sonore se débarrassent d'une machine infernale qui prenait
poussière dans les combles de cette vieille maison de village achetée en
viager il y a si longtemps.
Voici les détails d'un instrument
nouvellement en vente, dont l'annonce vient d'arriver à la rédaction du Blog qui bourdonne.
Il serait dommage que cette vielle ne joue plus, et qu'elle finisse en vitrine à subir les assauts du chauffage central…
Vielle à roue Joseph Béchonnet, commandée à Pajot
À vendre, cette vielle fabriquée circa 1884/85
Révision par un luthier, nécessaire
Vielle ronde
Six cordes
Tête sculptée
Accord actuel en Sol/Do
L'histoire de cette vielle est rappelée par le courrier adressé par Béchonnet à Pajot.
Prix : 4000 euros
Contact : leparatge [a] gmail.com
Calandreta de Pézenas, premier mercredi de février.
Le Thierry est là, la mine
goguenarde malgré les galères de santé qui l’ont empêché d’être avec nous, le mois précédent. Alain, qui a
tiré son bonnet à Cousteau, me donne la sensation qu’il est parti pour jouer de la vielle à mérou (je
me garderai d’un jeu de mots en rapport avec l’aérophagie de ce dernier, pour garder intact le cordon
sanitaire, institué par Pascal, qui nous sépare des sonneurs de cornemuse). Peu après, arrive le Jibé,
qui me semble avoir pris un coup de vieux, et la Marie, pimpante et souriante (normal, elle a évité
notre bouffeur de prof préféré). Max se remet de l’accompagnement tortueux du mois précédent,
Camille fait le Paratge buissonnier, Zack a disparu (pléonasme pour un magicien), mais nous assistons
à deux miracles : Fabien est parmi nous, il nous expliquera qu’il n’a pas reçu officiellement les papiers
et autres tracasseries qui vont le mettre dans la m… pour ses déplacements futurs ; Ana revient au Paratge ! À présent maman du petit Pablo, elle profite d’un peu de temps pour venir vieller avec
nous.
Le premier atelier s’engage dans une bonne ambiance. On travaille sur "Coma", nom donné au
morceau du XVIe que nous avons savamment bousillé avec le compère Pascal, Max étant le seul
vielleux sérieux de ce trio. Il fait référence à l’accordage de nos vielles et, au résultat d’une écoute
prolongée de l’enregistrement, tellement … (mettez le mot que vous voulez), que le père Jibé s’est
fendu d’un enregistrement pour que la troupe puisse travailler.
Je note des pattes d’oie aux
commissures des paupières de ce dernier, le morceau l’aurait-il à ce point éprouvé ?
Alors que nous
sommes en plein travail, Patrice et Pascal arrivent ; nous voyons, soulagés, que Patrice a reçu sa vielle.
Non, qu’il en ait commandé une, mais ce dernier était à Glasgow, pour un concert de la Banda Europa
à laquelle il participe avec Pascal Lefeuvre et Thierry Nouat. Il n’était pas sûr de recevoir son sarcophage dans
les temps pour pouvoir nous rejoindre.
En guise de transition, alors que nous travaillions sur un rythme irrégulier pour "Coma", ils nous
proposent de décaler ce dernier sur le tour de roue. Le challenge nous occupe un bon moment dans
les deux sens du terme.
Puis, on bifurque pour revenir au travail sur les rythmes impairs du mois
précédent. Pascal entraine Magalie dans le couloir pour un plan base : il s’agit de travailler les
rythmes de base sur un morceau de base. C’est aussi ça, le Paratge, une polymorphie multiple, afin
que chacun, autant que faire se peut, puisse s’y retrouver.
Puis on passe à table. Thierry règle les appareils de son escadrille (ils sont à présent plusieurs à
posséder leur Havond), puis nous rejoint, Ana nous abandonne pour retrouver Pablo que le chien fait
rire (un futur vielleux ?), Alain s’éloigne pour se rendre à une réunion — avec son bonnet, ils vont bien
sentir qu’il revient de la pêche aux tons.
Nous nous apprêtons à fêter un évènement comme il se doit : l’anniversaire du Jibé. Lui, qui s’est tant
de fois défilé lors de précédents Paratge de février, a décidé d’affronter ce coup de vieux qui nous
touche tous annuellement.
Ceux du Paratge nous racontent le stage avec Patrick Bouffard, qui fut l’objet
de franches rigolades et d’ambiance détendue. Outre que le plus gros des effectifs était issu de nos
rencontres, ce stage fut fructueux pour tous ; les absents regrettant de n’avoir pu en être. Patrice
nous raconte son périple, sort un dépliant, nous fait voir des vidéos, nous allèche.
Vient la séquence nostalgie, où nous nous remémorons les bons souvenirs du Paratge, et il y en eût
une palanquée : le pèr’Bruno vielleux tutélaire des rencontres, la faune agathoise multiple et variée,
la Casa pépé, Sylvia la cantinière de la troupe, Frouvelle, les Tournicotons, Force et honneur le duo
keupon à iench, Séraphin critique en humanité, Lulu la sétoise… Les nouveaux découvrent un univers
loufoque, croquignolesque avec force rigolade et poilade à tous les étages.
Comme Marie est là
(comme dirait Tino), nous ne sommes pas privés de dessert, et c’est un succulent gâteau au chocolat
qui vient ponctuer la vieillerie de notre Jibé, qui brouille les pistes quant à son âge. Quand on est un
vieux à roue, on assume, même si c’est pas coton.
Pour finir, un exercice intellectuel qui nous vient de Patrice San, grand maître de philosophie :
« Comment décrire une boule de billard sans parler de sa forme et de sa couleur ? »
Thierry a
proposé une réponse. À vous…
Bon, ben, on y est… 2017 et… le premier mercredi du mois, nous voilà à nouveau réunis. Il semblerait que les vœux de santé ne soient pas de mise, puisqu’il nous manque Marie, Camille, Thierry, Jipé…
Pourvu que ça ne soit pas les microbes, qui les ravissent à la sirène.
Nous avons tout de même Magali, Fabien, Alain, Jibé, Max et… tadaa !!! Zack, qui nous arrive comme un lapin sorti du chapeau ou une colombe d’un bazooka. Plus tard, nous rejoignent, pour le second atelier, nos duettistes du double P, j’ai nommé : Patrice et Pascal.
Et que fit tout ce petit monde ? De la vielle, et, en plus, à roue, mon bon monsieur !
Et là, il faut dire qu’ils se sont surpassés, les bougres, comme dirait le cathare (celle-là, elle est à tiroir, ce qui est mal commode pour la comprendre) ; non pas en atelier — quoiqu’il y eut sueur et grincement de roue —, mais plutôt dans un morceau du XVIe (siècle, pas arrondissement), bruyamment interprété par un infernal trio : Max, Pascal et l’auteur de ces lignes. Un accordage savamment aléatoire, un rythme « d’enterrement de fourmi » (terme labellisé par Kakine), pour une interprétation qui fit saigner les oreilles et pour longtemps.
Au chapitre du confirmé, travail que sur des rythmes impairs ; les mauvaises langues dirent que Patrice révisait ses morceaux, qu’importe diront les autres, si ça apporte, et pour apporter, ça a apporté.
C’est, les doigts endoloris, que nous abordâmes la table ; mais, après un verre ou deux, c’était reparti. Au menu, Zack flingue les profs, Magali s’apprête à demander l’asile politique (elle est prof), Patrice dédivinise le Christ, Jibé encense le Béziers Rugby, Fabien voue aux gémonies ceux qui lui ont fait carrément péter le permis de conduire, Max et moi enfilons, comme des perles, les jeux de mots laids pour les gens bêtes… et, par-dessus, quelques réflexions sur la politique s’invitent à la table, oh putain ! c’est 2017 ! Meeeerde ! Pas besoin d’être Michel de Nostredame (qui avait une résidence secondaire à Pézenas, mais ceci est une autre histoire…), pour présager que Bfmtv, I télé, mediapart et autres canards plus ou moins enchainés vont, par procuration, s’inviter à notre table.
Heureusement, notre preste prestid’agitateur, nous fait un numéro de smartphone, qui consiste à le laver avec un kleenex, façon nettoyage auriculaire de Don Salluste dans la Folie des Grandeurs. On s’esbaudit, on applaudit, puis, notre gardien, qui, en nous entendant se dit : « ils rient haut de janvier », vient nous chercher.
Nous quittons les lieux, après embrassades. Épisode bonus — bonus track, en langue de Molière (qui soit dit en passant, passa à Pézenas, mais ceci est une autre histoire…) : alors que je suivais la guimbarde des deux P (Cf. plus haut), cette dernière cale. Je m’arrête, le Pascal opère à capot ouvert, et me dit que tout va repartir ; en-effet, elle repart. L’un derrière l’autre, nous reprenons la route.
Une centaine de mètres plus loin, les condés, la maréchaussée, les keufs, ont arrêté une camionnette blanche ; nous passons sur la pointe des pneus. Nous apprendrons, plus tard, que c’était notre pauvre Fabien qui subissait un contrôle ! Quand on pense aux conversations de table, on pourrait craindre que Zack révolvérise Magali, que l’esprit du père Combes apparaisse à Patrice, que l’ASBH remonte au classement, que Max et moi nous mettions à avoir de l’esprit ; heureusement, il n’en est rien.
Cependant une question reste en suspens : comment allons-nous retrouver Fabien ?
Écho de décembre en novembre. Comme dit le bon proverbe : décembre en novembre, Pâques à la Chandeleur.
Ainsi, dérogeant à la Règle du premier mercredi du mois, le Paratge se tint, et le premier, et le dernier mercredi de novembre.
Qu’est-ce-à dire ? Deux compères animateurs d’atelier ne pouvaient être présents le mercredi suivant, il fut donc voté (sans bourrage d’urne), à l’unanimité, de déplacer la rencontre.
C’est donc en nombre que le banc de rames se complétait, ce mercredi 30 novembre 2016 à la Calendreta des Polinets. Dans une régularité métronomique, mais pas trop nomique non plus, se succédaient les deux ateliers qui font désormais la réputation du Paratge.
Nous attendions Ana, qui n’y fut pas, Jipé, disparu des radars, et Camiiille, toujours retenue à Montpellier.
Sinon, il y eut du monde. Tours de roue, coups de chien, morceaux, exercices et conversations divers, tout y était à des niveaux variés.
Le repas hors sac fut, une fois de plus, l’occasion de parlotes et bons mots ; puis, ce fut l’heure du poton, pour le dernier Paratge 2016.
C'est
dimanche et vous filez en quête du vide-grenier de votre canton, pour
dénicher la vielle de vos rêves. Une Pajot, une Pimpart, une Nigout, une
reluisante Chougnard® d'époque ?
Entre les
moulins à café Peugeot et les épinettes sans roue, vous avez, enfin,
repéré le stand où de jeunes gens qui ne savent rien à l'art et à la
poésie sonore se débarrassent d'une machine infernale qui prenait
poussière dans les combles de cette vieille maison de village achetée en
viager il y a si longtemps.
Voici les détails d'un instrument
nouvellement en vente, dont l'annonce nous est transmise par l'ami Marc Anthony.
Cette vielle appartient à la Compagnie Transhumance (Dominique Marge et Daniel Clark).
Vielle à roue Jean-Claude Boudet
À vendre, cette vielle fabriquée dans les années '90.
L'instrument est visible et disponible, sur la région de Draveil (Essonne).
Vielle en ronde
Table en acajou
Caisse en palissandre
Capodastre un ton, sur la corde trompette
Six cordes
Tête sculptée
Mécaniques modernes, pour faciliter l'accordage
Vielle vendue avec son étui
Idéale, pour accord en Sol/Do
Prix : 4000 euros
Contact : leparatge [a] gmail.com