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samedi 23 mars 2013

Gai-Luron, un vielleux qui a du chien

Uu Vieux de la vielle, éternellement jeune : Gai-Luron, qui apparaît dans Vaillant (ancêtre de Pif Gadget), en 1964 !

La question que nous sommes en droit de nous poser est : est-ce notre Pierre-Pedro, dessinateur et vielleur, qui inspira Gotlib, ou ledit bédéiste belge, inventeur de la Rubrique-à-brac qui, avec son personnage un tantinet folkeux sans âge, entraîna jadis notre gaucher à la recherche-rencontre d'une vielle à roue ?
La poule ou l'œuf, le phénix ou la flamme, le trou ou le gruyère, l'outre ou le cornemuseux, Pierre ou Gai ?

Gai-Luron et sa vielle à roue © Marcel Gotlib

Avouons que notre vielleux du mercredi est souvent autant inspiré que ce Droopy français, lorsqu'il joue de son instrument… Mais quelque soit la réponse — religieuse, philosophique, sémantique, génétique, écosystémique, viellistique —, apprécions le coup-de-poignet du musicien et la dextérité de la main droite en phase de déconstruction ; même si, pour cela, le toutou aurait tout à envier à notre pirate !


Pascal.

samedi 16 mars 2013

Sting, Der Leiermann

"Der Leiermann" (Le joueur de vielle à roue) est un poème écrit par Wilhelm Müller (1794-1827), poète allemand, auteur de nombreux textes à l'époque romantique. Franz Schubert s'est beaucoup emparé de ses textes, pour la composition de ses Lieder ("La belle meunière", "Voyage d'hiver").
"Winterreise" (Le voyage d'hiver) est un cycle de vingt-quatre Lieder, pour piano et voix, que Schubert composa en 1827, un an avant sa mort. On peut presque voir là une prémonition, car il s'agit de l'œuvre la plus triste du compositeur, un thème sans issue : l'hiver est la mort. Dans le dernier Lied, celui qui nous intéresse, le poète demande au joueur de vielle, qui représente la mort, s'il peut le rejoindre pour en finir :

« Étrange vieillard, dis-moi, viendrai-je avec toi ? 
Pourrai-je chanter mes peines au son de ta vielle ? »

C'est ce morceau, intitulé "Hurdy gurdy man", qui n'a rien à voir avec le même titre que celui de Donovan, qui figure sur l'album de l'Englishman Sting. Un titre — accompagné à… l'accordéon — qui rappelle, peut-être, la passion qu'a le chanteur britannique pour la vielle à roue ; peut-être depuis qu'il rencontra Gilles Chabenat.

Mais Sting va plus loin, que la simple reprise de cette chanson qui évoque notre instrument. Le voici, lors de la cérémonie Academy Awards, jouant lui-même de la vielle, pour un duo avec Alison Krauss, chanteuse et violoniste bluegrass, sur "You will be my ain true love", chanson de la bande originale du film "Retour à Cold Mountain". 


Voyez vous-même, le style du bassiste légendaire de The Police n'a rien à envier à Grégory Jolivet, Yann Gourdon ou Keiji Haino. D'ailleurs, comme dirait Pierre — autre référence de la vielle, sur cette planète — : « Ce que l'on peut conclure, sur cette vidéo, c'est que Sting est superstitieux : c'est parce qu'on lui a dit que tourner la vielle sans toucher la tête du cheviller portait malheur, qu'il joue ainsi, avec ses deux mains. » 


Pascal.

samedi 9 mars 2013

Modes diatoniques, avec bonnet phrygien

Contribution à distance !
N'étant pas "lecteur" à vue des partitions musicales et ayant une encore assez bonne mémoire visuelle, j'ai essayé de visualiser, sur le papier, les sept modes diatoniques (aussi nommés "naturels") qui ont été l'objet de discussions lors du Paratge de janvier.

J'ai donc pris le clavier d'une vielle en photo, et j'ai marqué les touches "permises" d'un point noir et celles "interdites" avec du blanco®, selon le mode auquel on se réfère (cela m'a permis de constater que "Lo Pantais del Vent", le kash a barzh du quatrième album de Coriandre, est un pur phrygien — nous manquera plus que le bonnet du même nom, et en avaant balèèèèèti !!!).
Je suis parti sur la même note de base pour les sept cas, soit le Sol à vide de ma soprano. Libre à vous de refaire le pense-bête avec le La comme base de départ, puis le Do et le Ré... Et ceux, comme moi, qui ont une chanterelle surnuméraire en Ré à vide, pas la peine de refaire tous les crobarts (Ré, Mi, Sol, et La), puisque c'est plus une histoire de doigté que de nom de gamme !


Modes diatoniques (Do à Sol) © Philou Puygrenier

Modes diatoniques (La et Si) © Philou Puygrenier


Ces documents sont à la disposition de qui les veut, si ça peut être une mienne contribution virtuelle au Paratge, où je brille par mon absence !
Toutes ces altérations et autres enchainements, parfois pas "ordinaires", sont fort intéressants pour notre instrument qui supporte, joliment, avec son bourdon, des suites peu utilisées en trad... (le Locrien, par exemple !). Et je ne vous raconte pas le mode moderne dit "de Bartok" !

Une fois que je saurai les sept modes "ordinaires" correctement, je vais me pencher sur les modes modernes altérés qui dérivent en fait des "modes naturels", et reproduirai un digest pour les principaux.  Gare à la tendinite, Mme poignée !!!


Philou Puygrenier.

dimanche 3 mars 2013

Chicane, le vielleux manchot

Marc Puygrenier est un homme passionné.
Après une vie professionnelle intense, il prend désormais le temps de parcourir les chemins qui mènent de nos beaux pays de France à Compostelle ou d'une province d'Asie à une autre. Dans son atelier, ou au calme de son bureau héraultais de Clapiers, où se comptent les livres par dizaines de centaines, il passe également du temps à écrire, à peindre… et à jouer de la vielle à roue.
Sa rencontre avec cet instrument, il commença à nous la narrer un soir de juillet, lors de ce Paratge hors-les-murs, où il nous avait préparé une paella d'anthologie. Demandons-lui de reprendre cette merveilleuse histoire ; il y a, à la source du récit, un vielleux que personne, ici, n'a connu, mais dont tout le monde se souvient en son village creusois…

Ces deux portraits résument la naissance de ma vocation de « vielleux » — comme on dit en Berry.
Le premier portrait du « Vielleux mutilé et l’enfant », pastel, peint à la fin des années '50, par Gaston Thiéry, artiste résidant et travaillant à Fresselines, en Creuse, fut certainement pour moi la première occasion de voir une vielle ; car, dans mon enfance, je fréquentais l’Atelier de Gaston Thiéry. Ce qui est étonnant, dans le cas du père Pinet, dit « Chicane », qui avait perdu son bras droit à la Grande Guerre, c’est qu’il avait appris à son petit neveu, Antoine, à tourner la roue… Maîtrisait-il le coup-de-quatre ou la mitraillette ? Je l’ignore.

Le vielleux mutilé et l'enfant © Gaston Thiéry


Par la suite, lors des grandes fêtes patronales du village de Fresselines, à la Saint Julien, les Gars du Berry défilaient dans les rues, au son des vielles et des cornemuses (quarante ou cinquante musiciens), et animaient des bals de danses du Berry (bourrées, chèvre, bure, pélé, polka, etc.) et du Limousin, notre village de la Marche étant à la limite des deux provinces, et juste à la frontière entre Pays d’Oc et Pays d’Oil. C’est le « père Soing » qui, à cette époque, début des année '60, dirigeait les Gars du Berry. Il jouait de la vielle avec sa fille et ses maîtres sonneurs.

Marcel Soing, facteur de vielles © collection Marc Puygrenier

J’avais dix ou quatorze ans, et je rêvais d’apprendre à jouer de ces instruments. Il m’aura fallu attendre cinquante ans, pour commencer à réaliser ce rêve.


Marc Puygrenier.