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lundi 4 février 2013

L'Écho des Sirènes, janvier 2013

© Pierre Tissot
Bon, en général fidèle à la signification de l'écho, je laisse un laps de temps entre l'évènement et son compte-rendu, mais, ce coup-ci, impossible ; trop de temps laissé à la décantation se finirait comme le préambule d'un "Mission Impossible". Il faut dire, qu'hier soir, y'a eu des ateliers denses.

16h, on papote avec Gilles, en attendant les compagnons. Sylvia arrive avec sa douzaine d'œufs, puis Don Jibé et Marie, sans œufs ; le Bruno passe en coup de vent, avec un copain coutelier. On se visse à nos sièges, nous sortons les moulins, et c'est un atelier initiation de plus qui débute. Après la Culture pour tous, le Cinéma pour tous, le gaz à tous les étages, notre challenge à nous sera le coup-de-quatre pour tous. Et nous voilà partis, géographie de la main, positions de la poignée, haut, bas, avant, arrière, sol, plafond, carré, triangle, étoile à huit branches, humide, sec, rouge, bleu, nœuds karmiques, tout est bon pour que le quatre rentre, y compris un stage à Bugarach.
Je me permets une petite parenthèse pour préciser, à mes rares lecteurs, que nous sommes à présent dans un monde post-apocalyptique, et que seuls les réfugiés à Bugarach ont été massacrés par les quatre de l'Apocalypse (les cavaliers, pas les coups de chien). Seuls les habitants, pour cause de résidence, les gendarmes et les journalistes, pour raison professionnelle, n'ont pas été fauchés par la camarde. Mais comment cela se fesse ? me direz-vous, Bugarach sensé être un havre qui devient un mouroir ?… Erreur de traduc', ma bonne dame, Champollion vous le dirait : c'est bien joli de faire le zigotto avec les glyphes mayas, mais il y a risque de contresens. « Qui se fiait hier au glyphe fut surpris le lendemain » — Pac O' Rabhan stylite irlandais.

Je reviens à notre Paratge, puisque je suis bien vivant pour écrire (certains diraient : des conneries), d'autres le sont pour me lire, joie et allégresse l'Apocalypse fut pour ceux qui crurent qu'elle serait pour les autres. Bien fait !

Donc, un premier atelier studieux, à peine entrecoupé de plaisanteries et petites conversations. Nous avons une brochette de vielleux attentifs. Puis, survint notre Bruno qui, en parfait poète, propose de rebaptiser la rue de l'Amour, notre lieu de vielligiature, Roue de l'Amour ; il emporte l'adhésion de tous. D'ailleurs, l'ami en a dans sa musette, des histoires ; figurez-vous qu'il nous revient du septentrion, d'outre Thulé, de Finlande, dont les Varègues disaient qu'il y avait en ces terres les plus belle femmes (ils ne se gênaient d'ailleurs pas d'en remplir leur knörr, au cours de razzias). Notre Bruno, perdu dans ces terres de froidure, y connut les nuits éternelles, ce qui lui permit d'assumer sans honte des sommeils de quinze heures (le veinard) et d'écouter une ancienne lui narrer, en finnois dans le texte, le Kalevala. C'est vrai que le Kalevala, en V.O., pour un non-finnophone, ça aide avant le dodo, mais c'est oublier la musique des mots et des sons, la métrique de la diction dont notre Bruno est friand. Ah ! du coup, je me réécouterais bien "Karelia" d'Hedningarna. Mais je m'égare, revenons à l'atelier.

Bruno le finnophone © Jean-Brice

Et là encore, ça bosse mais ce coup-ci pour déconstruire. Cet enchaînement d'ateliers vous a des aspects tapisserie de Pénelope, qu'un jour ou l'autre on va bien finir par se prendre Ulysse dans la gu… Justement, puisque je parle du retour d'Ulysse, voila notre Luc qui débarque. Le pauvre, arriver comme ça, avec barbichette et ratatouille bio, en pleine déconstruction, « c'est la déconfiture ! », comme le clama Jean-Brice. Sylvia, bonne âme, lui prête une de ses vielles, et le voici noyé au milieu de vielles qui déconstruisent, d'abord sur un rigodon rythmiquement modifié (R.R.M.), puis sur la mazurka que nous propose Marie, dont on sait aujourd'hui qu'elle s'intitule "Le puits". Pascal arrive et se joint au groupe. Appuie sur du 2-4, avec quartier serré sur le 2, omission du 4, jeux de combinaisons diverses, et ma pomme qui pédale dans la semoule pour trouver un doigté convenable pour cette mélodie. De toute façon, plus de temps pour la palabre, ça mouline. D'ailleurs, nous moulinons bien au-delà de l'auberge espagnole, puisque pour éviter de gêner des voisins viellophobe (sans doute des cornemuseux), décision est prise de repousser l'heure du repas. Est-ce-pour cette raison que Patrice n'est toujours pas là ? Nous ne le saurons pas, puisqu'il n'apparaitra pas dans ce Paratge (pourvu qu'il n'ait pas été à Bugarach).

C'est donc le ventre criant famine et les poignets endoloris, que nous nous mettons à table. Monsieur le Président nous rejoint, Gilles nous reparle d'Orléans (on va bien finir par attirer une pucelle, à force d'évoquer cette ville, à moins que ce ne soit les Godons). Un invité vient vider quelques verres en notre compagnie. Puis, vient la galette des rois, des reines en l'occurrence, puisqu'après les rois fainéants de 2012 [Ndlr : Pierre et Serge], la douce Marie fut couronnée reine pour 2013. Certaines langues  de peilles disent qu'il y a eu trucage dans la fève, mais après la confession d'Amstrong, c'est somme toute bien bénin. Quoiqu'il en soit, notre nouvelle reine eut droit à un cadeau royal : un chien. De vielle, bien entendu. Nous conspirons sur d'éventuels abordages sonores, tout en nous gavant de galettes.

Marie et son chien © Jean-Brice
Marie et son chien © Jean-Brice
















Repas pris, nous entamons le dernier atelier. Et, ce coup-ci, c'est mestre Pascal qui s'y colle pour nous parler modes. Parler mode dans un ancien salon de coiffure, c'est tenter de faire revivre l'esprit des lieux, penseront certains. Ignares ! il s'agit de modes musicaux. Dans une joyeuse cacophonie, alimentée par les deux cancres que nous sommes, Don Juan Brice et moi, Pascal a l'insigne mérite de vouloir remédier à notre ignorance crasse. Marie, qui connait déjà le sujet, tente d'épauler notre pédagogue, Bruno enlumine le propos de quelques anecdotes, cependant que Luc nous pousse de viriles vocalises non tempérées. Cela ressemble à une fin de repas de noce, où l'ami de la famille tente un panégyrique des mariés (par les temps qui courent, j'aurais mieux fait de trouver une autre image). Quoiqu'il en soit, si j'ai bien tout suivi, malgré les âneries de mon cancre de coreligionnaire qui n'y comprenait goutte : partant de la gamme du Do, dont la succession est : ton, ton, demi-ton, ton, ton, demi, on passe à la gamme de la note suivante, sans chromatisme, et ainsi de suite jusqu'à la gamme de Si, et dès lors on a parcouru les différents modes. Non ! le mode cimmérien, pré-cambrien, hypertiroïdien, hypocondriaque et j'en passe, n'existent pas, mais il s'agit de modes ionien, dorien, phrygien, lydien, mixolidien, éolien, locrien (merci Pascal et Patrice, pour la liste complète de leurs copains grecs plus ou moins orientaux, parvenus via internet).

De colophane en roue, on en vient à discuter collectage, et Bruno et Pascal nous font vivre de vrais moments d'émotions, Gilles sort des vinyles de disque trad. Pascal nous explique l'historiographie étymologique du terme vielleux ou vielliste ; comme on sent la polémique sous jacente à ces appellations, nous décidons de nous intituler viellirouiste, en toute simplicité, à moins que ce soit viellocycliste, en toute sportivité (quoiqu'avec les confessions d'Amstrong — bis repetita). De bien bons ateliers, une bien belle rencontre et nous repartons gonflés à bloc pour la prochaine.

Un Mixolidien © Pierre
Un Éolien © Jean-Brice


















Avant de finir, et pour l'inoxydable Sylvia qui, à l'heure où je tapote, continue à se torturer les méninges pour comprendre ces histoires de mode, je simplifie : d'abord tu pêches deux thons, puis tu bois un demi, ensuite trois thons, et puis tu bois encore un demi. Après, tout dépend à quelle distance d'une île grecque tu t'en vas pêcher le thon. Au large de la Phrygie (qui n'est pas une île), par exemple, ils attaquent kasch par un bon demi, puis ils se pêchent trois thons, ils renquillent sur la tournée du pacha avec un bon demi, et ils finissent par deux thons. Les Éoliens, qui aiment bien brasser de l'air plutôt que de pêcher convenablement, prennent un seul thon avant de se vider un demi bien titré, après quoi ils augmentent la cadence en prenant deux thons, puis un nouveau demi, parce qu'après tout « merde, il fait soif », et terminent par deux thons pour éviter la surpêche. Eurêka ?



Pierre.

9 commentaires:

  1. dans le mode mineure harmonique le pêcheur pêche un thon et un demi thon, donc ça voudrait dire qu'il existe des demi-thons!

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    1. Il semble que le demi ait à voir avec la bière pas avec le thon ;)

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    2. Mais tout cela se trouve en boite, faudra donc chercher dans la caisse à les sortir avec l'aide du chien

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  2. Je ne reconnais pas ces 2 personnages , vous êtes sortis d'où de boites ou d'un lieu inconnu de buga" machin"
    Excellent l'article !..
    La mode de chez nous, la mode hivernation, la mode mini pas la peine de se torturer les méninges pour celles-ci. Je constate qu'il faut juste se prendre pour un poisson et faire attention surtout de ne pas se faire prendre dans les filets..

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  3. En même temps, un demi thon doit être sacrément mal à l'aise pour naviguer en eau trouble, surtout avec tous les requins à l'affut, en ces moments à quoi tiquent les doigts !
    Décidément, l'halieutique reste une discipline pleine de crocs (en jambe), l'évider ment !
    Encore bravissimo pour cette riche alimentation du site (Ah! le ton rouge !), avec tout cet humour, et, haut lien, la qualité des écrits pas si sots, au mi qui sol lie Dien (bien fou, non ?)
    Bises à vous
    Philou L'Anonyme

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  4. On va dire que je fais du mauvais esprit mais quel est ce truc turgescent au bas de la première photo ?

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    1. Tubercule appartenant, visiblement, à l'anatomie du photographe…

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    2. Va falloir raser les murs dans la rue de l'amour !!!

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    3. Je constate que rien ne manque à l'oeil du lecteur, bonne vue mon cher prete à confusion.... mais rasons rasons et chaque 1er mercredi du mois c'est gratis qu'on se le dise.

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