Rechercher dans Le Paratge des Sirènes

mercredi 22 novembre 2017

À vendre : Pajot fils n°3, de 1900 !

C'est décidé : vous voulez acheter un bel instrument, et vous filez en quête du vide-grenier dominical, pour dénicher la vielle de vos rêves. Une Pajot, une Pimpart, une Nigout, une reluisante Chougnard® d'époque ?

Entre les services en fausse porcelaine, les almanachs, les pupitres d'écoliers  et les copies de violon Stradivarius, vous avez, enfin, repéré le stand où de jeunes gens qui ne savent rien à l'art et à la poésie sonore se débarrassent d'une machine infernale qui prenait poussière dans les combles de cette vieille maison de village achetée en viager il y a si longtemps.

Voici les détails d'un instrument nouvellement en vente, dont l'annonce vient d'arriver à la rédaction du Blog qui bourdonne.
Il serait dommage que cette vielle centenaire ne joue plus…


Vielle à roue Pajot fils de Jenzat, 1900
Fabriquée en 1900, la vielle est numérotée n°3.
Elle a subit les assauts du temps, mais, restaurée, elle fera le bonheur d'un musicien ou d'un collectionneur.
Vielle ronde.
Six cordes.
Tête sculptée.
Marqueterie et décors, sangle d'époque, pommeau blanc.
Instrument dans noter région : à voir, à Barjac (Lozère).





Prix : faire offre
Contact : leparatge [a] gmail.com

mercredi 8 novembre 2017

L'Écho des Sirènes, octobre 2017

© Pierre Tissot
Mercredi 4 octobre, grand jour à plusieurs égards : un mois après la rentrée des classes, le Paratge fait la sienne à l’école de la Calendreta dels Polinets de Pézenas, et il a profité de l’été exceptionnellement chaud pour faire des petits : Gilles, dit « l’abeille », et Angel, font leurs débuts giroviellistiques. Des retrouvailles, du sang neuf, et, pour couronner le tout, c’est l’anniversaire de Magalie, qui a prévu cinq gâteaux, une caisse à champagne, des guirlandes et des cotillons, pour célébrer dignement l’événement dans une fête à tout casser.

À 17h30, on est… sept (sans les bleus) : Jean-Brice, Pierre, Fabien, Thierry, Alain, Magalie, et Ana, que Pablo a bien voulu nous prêter pour la soirée. L’habituel ovale se reforme, et Angel et Gilles se retrouvent prestement flanqués d’une élégante Havond sur leurs genoux respectifs. Pour tout dire, quelques mauvais esprits avaient imaginé les affubler d’essoreuses à salade pour leurs premiers tours de manivelle, mais avaient reculé devant l’article 14 de la loi du 17 juin 1998. Fraîchement équipés de leur vielle grâce à notre prévoyant fournisseur Thierry, Gilles et Angel commencent à écouter avec componction DJ JB leur transmettre les premiers secrets des maîtres tourneurs de manivelle. Pendant ce temps, Fabien, dont la chaise était sans doute restée trop près du radiateur, se met à s’agiter sur son séant, ne sachant plus comment se retenir de s’élancer dans un solo endiablé. Il doit néanmoins y parvenir, la mise en route d’un girovielliste neuf nécessitant quelques minutes. Nous pouvons, à l’issue de celles-ci, jouer tous de concert "La bourrée des frères Guillemain", avec Angel et Gilles au chien de un. Quelque temps plus tard, notre meneur à casquette nous présente une bourrée à deux temps aux accents furieusement orientaux : "La bourrée du hibou". L’effet est immédiat : les portables jaillissent de toute part en s’allumant, et viennent se dresser tout autour de cette mélopée orientalisante. L’instrument du IXe siècle dans une main, le portable dans l’autre, quelques viellistes décidés immortalisent la mélopée. La bourrée du بومة sera donc le prochain morceau à travailler pour le premier atelier.

Angel et Patrice : célèbres personnages d'une bédé de Fernand Dineur © Jean-Brice

Mais, alors qu’il n’y a déjà pas grand monde dans le paratge, voilà qu’Alain prend la poudre d’escampette, bientôt suivi par Pierre, qui laisse sa chaise encore toute chaude à Patrice qui arrive pour le second atelier. Fabien, ne tenant plus sur la sienne, lâche tous les gaz et s’élance enfin dans un duo endiablé avec son nouveau voisin. Après avoir accompagné et contenu Fabien, Patrice propose à son tour un morceau pour le second atelier. Est-ce le chlouc qui souffle un peu fort depuis la Tunisie, ce soir, mais voilà que nous apprenons que nous allons jouer la "Touchia زيدان (Zidane)". Les esprits s’emballent, et s’interrogent suffisamment fort pour qu’on les entende : c’est un morceau de vielle à roue à la gloire d’une touche mémorable de Zizou pendant un match ? Zidane a composé des morceaux pour vielle à roue après les matchs ? Qui c’est qui a écrit un air de vielle à roue pour Zidane… ? Maître Patrice rassemble les esprits égarés de ses ouailles et nous indique qu’il s’agit d’un morceau traditionnel du répertoire arabo-andalou, et que Zidane est tout de même un nom très répandu en Afrique du Nord. Et en remet une couche par mail, trois jours après, pour rectifier "Touchia Zidane" au lieu de "Touche à Zidane" que JB n’a pas manqué d’écrire à tout le monde.

Thierry, Fabien et Jean-Brice : la "Touchia Zidane", sans les mains ! © Ana

Et la touchia étant en Algérie un prélude à la nouba, voici venue l’heure de la fameuse auberge espagnole du Paratge, véritable banquet gaulois qui clôt chaque aventure paratgesque pour la suite du Partage ; cette fois-ci, des saucissons, charcutailles, bons petits rouges, et bonne humeur générale. Ah, la pizza de Jean-Brice… ! Ah, les gâteaux de Marie… ! On se mettrait à la vielle à roue rien que pour y goûter chaque mois ! Bon, mais cette fois-ci, l’heure est grave, car Marie n’est pas là et c’est l’anniversaire de Magalie. Sur quoi va-t-elle planter ses deux bougies ? En plus, son ami Gilles l’abeille est parti lui aussi, ainsi qu’Ana, et il n’y a plus que six personnes autour de la table en formica. On se régale des contributions de chacun, puis au moment du dessert, Magalie dégaine deux gâteaux. Mais, tant pis pour les flonflons, le champagne et la tournée des grands ducs. Elle remballe son truc en plumes et sa démonstration de cancan. D’ailleurs, voilà qu’en troubadours fabuleux, Jean-Brice et Thierry entament un « Joyeux Anniversaire » toulousain tonitruant sur un rythme de samba, et entonnent à tue-tête « un an de plus qu’elle avait l’année dernière, un an de moins qu’elle aura l’an prochain », tout en filmant un vidéo clip mémorable que pourront visionner les absents, dont Patrice et Angel, bien trop absorbés par leurs discussions, pour se rendre compte de la folie qui s’était emparée de l’autre côté de la table. Bref, la fête fut en partie sauvée par le génie improvisateur de Jean-Brice et Thierry, et Magalie put ne pas pleurer en fin de soirée.

Un an de plus, un an de moins ! © Jean-Brice

Le rituel balayage s’effectua autour de discussions sur la nécessité de commencer plus tôt le Paratge et de chercher de nouvelles pistes de lieux, mais s’acheva par l’oubli de la poubelle. Nous espérons que la Calendreta gardera un autre souvenir de nous…


Magalie