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mardi 31 janvier 2012

L'Écho des Sirènes, janvier 2012

© Pierre Tissot
Nouvelle perle au collier du Paratge, nouvelle année qui débute et devrait se finir vers le 21 décembre (sauf pour les habitants de Bugarach). Tout commence sur les chapeaux de roue, au rez-de-chaussée, sans chauffage, avec l’équipe désormais habituelle, sans Michèle. Dissociation, relâchés, entrainement sur divers coups de chien, peaufinage des « Filles de l’aire » et discussions.

Ah ! les discussions, sans lesquelles tout Paratge ressemblerait à une salade sans vinaigrette, un jaune sans pastis, un jean sans poches. La meilleure — car la plus longue (faisant mentir l’adage des plus courtes) — portait sur la nomenclature pour représenter les schémas rythmiques de la main droite1. Vaste programme, qui vaut de nombreuses discussions sur les forums du ouèbe, et un ouvrage psychédélique de mestre Clastrier que nous avons canonisé par chez nous en saint Valentin (patron des amoureux inconditionnels de la vielle, n.d.l.a. aucun rapport avec une cougar). Sophie nous fit remarquer le caractère dichotomique entre l’acte physique de porter, par exemple, un coup de un, et la représentation menthe à l’eau géométrique qu’elle s’en fait. Suis-je clair ? Non. Je vous rassure, ça ne l’était pas plus pour nous ; nous partîmes dans une vaste discussion faite d’entendus, de malentendus, de sous-entendus et de situation dans l’espace tridimensionnel de la circonvolution. Le 1 poussé, le 3 tiré ? Ou bien en haut, en bas ? Plutôt devant, derrière ?! Perpendiculaire ou parallèle, à hue ou à dia ? Avalanche de questions à déboussoler Descartes, tout ça pour arriver à l’élémentaire question métaphysique ou bien physique : vaut-il mieux tirer un coup ou le pousser ? Selon qu’on est pour la bonne chaire ou la bonne chère, à chacun de conclure. Puis, trop frigorifiés, nous montâmes à l’étage, qui était chauffé, lui.

Avant de souper, Don Jibé nous apprît une disparition prochaine du monde de la lutherie active : Roger Chougnard devrait raccrocher le rabot, raboter le crochet et laisser la colle à bois se figer dans le pot.

Puis vint la mangeaille et, pour sacrifier à la tradition, notre auberge espagnole se finit sur le partage de la galette. Ceci permit un double couronnement, deux monarques à l’œil pas frais mais à la barbichette fleurie. En cette année d’élection, ça vous a des parfums d’Ancien Régime…

Les rois fain... débonnaires © Jean-Brice

Sous la houlette de ces rois débonnaires commença le deuxième atelier, plus festif que laborieux. Les conversations prirent une courbe exponentielle, les discussions partirent dans tous les sens, et l’ami vidéaste du père Bruno aurait eu bien du mal à cadrer tout ça s’il s’était agit d’un portrait de famille. En vrac, une nouvelle appellation de Mickey Paratge par une Sophie à l’imagination fantasque, un voyage dans l’Est de la France avec Bibi et de l’Europe avec Patrice, l’Estonie, la Pologne, la mafia biélorusse des 90’s. Sophie nous gratifiait de révisionnisme astrologique : vous croyez être de tel signe, que nib, ma bonne dame, tout dépend si vous parlez d’astrologie tropicale (ça t’a un goût de ti punch) ou sidérale (ça prend un méchant gout de Star Wars). Vous pensez être le premier décan et n’en êtes que le dernier.
Nous eûmes aussi droit à un sondage « Êtes-vous venu directement à la vielle à roue ? », qui permit se s’apercevoir que pour cet instrument nous sommes tous des échoués : un tel provient du piano, une autre du violon, un dernier de la batterie et j’en passe. Le pompon en la matière est détenu par Bruno, d’abord carillonneur avant d’abandonner la cloche après la lecture de Notre Dame de Paris. L’abus de cloche vous déforme, vous assourdit et vous rend esclave d’une bohémienne à chèvre et tambourin, tout ça pour finir rôti.

D’ailleurs, puisque nous parlons de littérature et du père Bruno, ce dernier, émule de Pourrat, Vincenot et Seignolle, enchaina les contes les uns après les autres. Embrumé que j’étais sous ma couronne tel un roi fainéant, je ne peux vous livrer qu’une macédoine, tant mon éponge cérébrale n’a pas tout pris : ce fut Terril le corsaire agathois, terreur de la Mare Nostrum à défaut des Sept Mers, qui dota les filles pauvres d’Agde jusqu’en 1936 (bien après qu’il suce des algues par la racine), le shaman ardéchois capable de double longue vue pourvu qu’il se botte de caoutchouc, le fameux shaman botté qui en conterait au marquis de Carabat, à brûle-pourpoint le pèr’Bruno nous narra les cheminées à manteau de cuivre des immeubles algériens qu’il conçut dans les seventies, son arrivée au port d’Alger et la chorba populaire, le shaman des dunes (pendant maghrébin de l’ardéchois) qui prévoyait 48 heures avant, les discours de Boumediene2, j’en passe et des meilleures. Ce conteur hors pair se jouait des histoires comme le funambule de la corde, sauf qu’on ne frottait pas trop cette dernière et que régulièrement Patrice d’une voix flutée demandait « on pourrait jouer, peut-être ? » ; à force de réitération, la remarque porta et nous mîmes à profit les dernières demi-heures, pour peaufiner les morceaux en vue du prochain abordage sonore. Là encore, c’ptaine Priez nous gratifia d’une présence fort opportune, puisqu’il proposa de nombreuses idées d’arrangements, tout se mit à peu près en place. C’est à une heure peu chrétienne que nous nous séparâmes plein de vœux et pétant la forme.
2012 nous voilà !!! À l’aaaabooorrrrdaaageee !!!

Pierre.

1 Sauf pour quelques originaux tels Bruno ou bibi, pour qui on parlera de main gauche.
2 Le devin bleu du désert ne pourrait-il être le nègre du président ?





vendredi 27 janvier 2012

Verseau, janvier à février 2012

Verseau et joueur de vielle à roue, le Paratge des Sirènes t'offre ton horoscope pour janvier et février 2012. Un vrai horoscope, cohérent et sage comme ceux des revues que tu peux lire dans la salle d'attente de ton facteur d'instruments préféré pendant qu'il roupille à côté.


© Pierre Tissot


Travail 
Après n'avoir rien fichu pendant quinze jours, sous prétexte que la Noël et l'An Neuf imposent le repos auditif au sein de la cellule familiale, retrouvez la clef du flight case où la vielle est enfermée et tenue éloignée de la moindre de vos velléités de travail, et fichez-vous au boulot, nom d'un chien (de vielle) !

Amour
Guy Roue (Roux ?) ne nous contredirait point : si vous escomptez de probants résultats sur le plan de votre agressivité créatrice, oubliez la bagatelle. On s'enferme, on s'isole, on médite, on se concentre ; la vielle, pas de secret, cela demande de se soustraire du monde des humains et de se concentrer sagement comme un bénédictin.

Santé
Cette période de l'année est délicate pour vos instruments. Un mauvais courant d'air, et votre chien toussera. Écharpe ou cache-roue oubliés, et les chanterelles seront enrouées. En prévention, et durant toute la période concernée, préférez oscillococcinum à la colophane. À laisser fondre sous l'âme de l'instrument. Pour les personnes âgées (parmi nos ainés, nous comptons un verseau : Jean-Brice), optez pour le vaccin ou partez sous les tropiques pendant la saison sensible.


Pascal.

mardi 24 janvier 2012

Hurdy grande

Paul Joseph Dresher, né à Los Angeles le 8 janvier 1951 alors qu'Elvis Presley fête ce jour-là ses seize ans, est resté en Californie pour suivre son enseignement universitaire musical.

Si, à ses débuts, il a joué de la guitare électrique comme le King et comme tous les adolescents — sauf, peut-être, Bruno Priez —, il s'est vite orienté vers la composition et le travail orchestral. Parallèlement, il s'est intéressé aux percussions africaines, au sitar indien et au gamelan indonésien. À l'instar d'un Steve Reich — qu'il a côtoyé —, il est considéré comme un compositeur minimaliste voir post-minimaliste. Mais lui-même — et à l'instar d'un Serge Boyer dans ses grands jours — se défini plutôt comme un… compositeur pré-maximaliste.

Mais le plus surprenant, dans cette carrière à peine résumée ici, est qu'il se soit penché sur une machinerie étrange, qui semble cousiner avec l'impossible instrument qui nous émerveille toutes et tous au Paratge, une hurdy grande qui a été conçue pour « Schick Machine », une création du Paul Dresher Ensemble. Un tantinet plus longue que la ténor de Patrice, les sons réalisés sous l'imagination de ce musicien sur cette vielle à roue(s) n'ont presque rien à envier à ceux qui sortent parfois de la galerie La Perle Noire.

Pascal.


mardi 17 janvier 2012

mardi 10 janvier 2012

Grand balèti del Camèl a Besièrs,
octòbre 2011

N'étant pas le sire de la concision, je vous propose tout-au-moins un compte rendu interactif de notre action passée au Zinga Zanga.

« Je monte à l'échafaud :
la vielle autour de la taille 
serre davantage que la corde autour du cou »
 © Jérôme Combre

Vendredi soir sur la scène de Zinga Zanga le Paratge a fait
  • Une mutinerie sonique
  • Un abordage sonore
  • Une opération command'oc

Les vielleux y sont venus à
  • 4 comme les mousquetaires
  • 12 tels les apôtres
  • 7 comme des nains

Sylvia, David, Pascal, Patrice © Jérôme Combre


Ils ont enchainé avec maestria
  • L'île de la saucisse bleue, La main de ma sœur, Le p'tit quinquin
  • Chypre, Domino, Grunschansko
  • Suite de scottisches à Lefeuvre, Mazurka Marine, African market

Début d'abordage © Patrick Vincent


Le public était
  • Sur le cul de surprise
  • Sur les dents, d'énervement
  • En jambe pour danser

Le Paratge a évité de (deux réponses possibles)
  • Se péter la ruche au rouge avant de monter en scène, comme Jibé
  • Terminer leur session en attaquant un haka
  • Se teindre les cheveux en bleu comme Sylvia

Fin d'abordage © Patrick Vincent


Un des bons mots de la soirée fut
  • Un bon Zinga zanga vaut mieux qu'un mauvais zig zag
  • Vielle en coulisse, vieille qui glisse
  • Il vaut mieux un Paratge à la balance que sur la balance

Les paratgeaïres se sont quittés
  • Heureux, prêts à remettre les couverts
  • Fachés prêts à se friter la gueule
  • À plus de 0.5g  ignorant la modération


Pierre.


NDLR : Toutes les réponses sont à découvrir sur le film de l'évènement (merci à Jé, Cy et Syl, sans qui ce document qui change le cours de l'Histoire demeurait, au mieux dans les archives de l'INA, au pire dans les caves du Musée de l'Homme). 



mardi 3 janvier 2012

L'Écho des Sirènes, décembre 2011

© Pierre Tissot
Changeons les habitudes, cet écho commence par la fin, l’atelier confirmé pendant lequel nous travaillâmes d’arrache-pied quelques nouveaux morceaux pour étoffer notre répertoire. Sans m’étendre plus, notons deux choses, tout d’abord : l’absence du Sergio ; ensuite, la participation des voisins du dessus qui nous martelèrent un rythme de 1 irrégulier… mais puissant, sur le plancher de leur appartement (notre plafond), nous signifiant en morse d’aller vieller ailleurs. 

Nous avions, en-effet, changé de salle dans notre habituelle galerie de la Perle Noire, sans savoir que nous avions des habitants au-dessus. Certains refusent les tours de veille pendant que nous accomplissons nos tours de vielles. Cette intrusion à contretemps nous repoussa vers notre traditionnelle salle de répétition, en vitrine, où nous allumâmes l’ensemble de lampes exposées, plutôt que les sempiternels allogènes, donnant à l’ensemble des couleurs chaudes et des lumières tamisées qui firent paraitre notre Paratge telle une crèche animée.

devant Sylvia, qui découvre les partitions © Jean-Brice
Paratge mené d'une main de fer par Bruno


Si je commence par la fin c’est que ce fut le début qui insuffla la nouveauté. Nous avions, depuis le dernier Paratge, Marie — qui était là aussi —, nous fûmes rejoint par une nouvelle : Sophie, venue de Lodève, avec une Siorat. Si on ajoute, à nos deux nouvelles, le retour de Michèle (mamie comblée de marmaille) et Bruno, qui délaissa momentanément ses commandes, sans oublier l’inoxydable Sylvia, nous étions, Don Jibé et moi-même, entourés d’une formidable équipe. Ainsi, dans une ambiance dont le Paratge a le secret, se déroula l’atelier initiation.

Les nouvelles sirènes du Paratge : Marie et Sophie © Jean-Brice
Apprentissage du morceau fil rouge pour les nouvelles, "Les Filles de l’Aire", furent ensuite déclinées sur divers schémas rythmiques ; entretemps, Bruno nous parla des catacombes agathoises, Sophie voulut nous initier à la télékyné…, à la kynesthé…, à la physiocr… enfin, un truc imprononçable où on fortifie la coordination des gestes. Tout ça, pour éviter les inévitables tortures dissociatives ! Ce n’était que reculer pour mieux vieller, puisque tout le monde eût droit au désormais célèbre exercice Priez. Du travail entrecoupé d’historiettes, conversations, bons mots, blagues, questions… Puis, Bruno, Don Jibé et Bibi donnèrent moult conseils aux participantes. L’un des fondements du Paratge étant que les plus expérimentés aident ceux qui le sont moins, on arrivait au moment de l’auberge espagnole avec le plaisir d’une bonne entame, des débutantes motivées et pas rebutées par la tâche, le bonheur !
Preuve de leur implication, la plupart restèrent dans l’atelier suivant, jusqu’à pas d’heures.

En somme, un dernier Paratge 2011 qui laisse présager un bon viellésime 2012.

Pierre.

Le Paratge des Sirènes — Atelier débutants
Les filles de l'aire