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mercredi 31 juillet 2013

L'Écho des Sirènes, juillet 2013

© Pierre Tissot
Jamais le Paratge des Sirènes n'aura aussi bien porté son nom que le 10 juillet dernier, délocalisé qu'il fut dans la piscine clapièroise de Marc et de sa compagne, Kakine, artiste sculptrice.
C'est dans l'onde cristalline que s'ébattaient, joyeux Pascal et sa descendance, lors de l'arrivée groupée de Marie, Serge puis Sylvia, qui recollaient au peloton sous un ciel menaçant.

C'est donc, abrité sous le péristyle, que le Paratge pouvait commencer, avec bien sûr les tubes de la R[o]ue de l'Amour, enrichis par Marc et Pascal d'un morceau de bravoure, le véritable Tourmalet du clavier qu'est le "Bacchu Ber" de Pont-de-Cervière.

Le Paratge des Sirènes, guest star Marc © Kakine

Dans les mains des sirènes, ce mois-ci, deux Kerbœuf enchanteresses (Marie et Marc), une Grandchamp envoûtante (Pascal), une Siorat bleue comme les mers du sud (votre serviteur), et la Dinota rouge-sang de Bocasa, pour qui Sylvia a joué jadis contre une valise pleine d'argent et quelques diamants. Nous n'aurons, probablement, jamais les photos compromettante de cet attentat viellistique, brûlées lors d'une partie de pêche familiale.
Ce compréhensible autodafé inaugura un repas savoureux, pendant lequel il fut tour à tour question d'exactions en Centrafrique, du déclin sanitaire de la Chine, du 11 septembre 2001, de lutherie à La Châtre, et des Men in Black à Saint-Pons-de-Thommières, pour des histoires de cannabis. Madame le Maire d'Assas a également évoqué le destin tragique de Sarah O'Connor, froidement exécutée par Schwarzy dans un blockbuster américain.

Dans les jardins de Marc et Kakine © Sylvia

Après un ravitaillement délectable, gigot à point et ratatouille avec ou sans poivrons, partagées avec de nouveaux amis, nous nous remîmes à tourner la nille, poussés vers nos instruments par des Ulysses et des Orphées consentants. Nos douces mélopées attirèrent un public conquis par notre hôte de Marc, qu'une double rupture de chanterelles poussera prématurément à l'abandon. Il possédait fort heureusement d'autres atouts, et puisque son artiste d'épouse s'était mise en danseuse, il nous fut donné de voir, dans tous les sens du terme, les grandes poteries réalisées avec elle.

L'équipe sérieuse des garçons…
avec Pascal et Serge © Marc


L'équipe riante des filles…
avec Sylvia et Marie © Marc
Le Paratge des Sirènes, et la nuit s'avançant © Kakine

La nuit s'avançant, il nous restait à nous échapper, remercier chaleureusement nos hôtes pour la soirée, en prenant soin de décliner l'invitation pour animer la prochaine Fête de la Tomate à Assas, où peu nous chaut de figurer.

Prochaine étape : le 9 août, R[o]ue de l'Amour, pour préparer l'arrivée à Orléans !


Serge

mardi 23 juillet 2013

Château d'Ars 2013 : cherche joueur de vielle

St-Chartier 2013 : nous y étions, comme ils disent, dans Trad'Mag !
Enfin, pas à St-Chartier, ça c'est les dinosaures (dans Trad'Mag, aussi), qui le racontent ; non, au Château d'Ars, pour les rencontres, entre les grilles, de luthiers et maîtres-sonneurs.

Au cœur de la cité berrichonne, entre la centaine de stands et autant de haltes sous la tente pour se déshydrater du délicieux et désormais "traditionnel" (vous me copierez  cent fois ce mot) tchaï, nous y avons vu des vielles, quelques Chougnard®, aussi. Et entendu des bourdons acoustiques, électriques, électroniques, synthétiques, pathétiques. Des chanterelles délicieusement fausses, des chanterelles affreusement justes, des tables à cinq chiens, des vielles sans roue, des vielles sans âmes, des vielleux sans états d'âmes.
Sur scènes, Marie Sauvet n'a pas joué de vielle, remplacée par Gillou Chabenat, et les Anglais ont toujours et la barbe et la chemise et le coup-de-poignée bien soignées. Bref, nihil novi sub sole, comme on dit en patois.

La véritable sensation de cette édition fut, sans conteste, cette affiche épinglée à l'entrée du festival.
Nous vous laissons la comprendre (ici, dans sa version jaune), y trouver quelque intérêt.




Son auteur est Maître Yves Donnier, formidable et très sympathique joueur de vielle à roue.
Ancien vainqueur du concours soliste sur l'instrument, à St-Chartier (nous nous rappelons de son incroyable interprétation d'un reel irlandais, le soir, sur la grande scène, avec Beline, à nos côté, qui s'émerveillait de la vélocité du musicien qui arborait, pour le coup, un grand chapeau noir), musicien au sein des Carottes Sauvages — formation d'une douzaine de terrifiants suisses-musiciens, qui sévissait à la fin des années '80 et au début de la décennie suivante —, son annonce est une sérieuse proposition pour aller séjourner au plus loin de l'Europe (à Baulmes, en Suisse), autant qu'une offre concrète d'échange artistique.
Le stagiaire-co-locataire-complice-és-vielle sera-t-il logé sous une yourte, un camping-car, une caravane  ou au sein même de son flight-case ? L'annonce ne le dit pas, mais avouez que l'aventure est tentante…

Contact : donnier.baulmes [@] bluewin.ch


Pascal.

mardi 16 juillet 2013

Abordage au Musée du Biterrois

C'est le 18 mai, à Béziers, sous un ciel menaçant, gris, pluvieux, que se déroula notre seul abordage sonore de l’année. Qui n’était pas à proprement parlé un abordage sonore, puisque notre mission consistait à animer la Nuit des Musées. Les obligations des uns et des autres n’ayant pas permis d’avoir le Paratge des Sirènes au complet, c’est une petite délégation (Serge, Sylvia, Bruno, Patrice et moi) qui assura cet évènement.

J’arrivai la première (non, pardon, la deuxième : le premier sur les lieux était Serge, auteur du projet, qui tenait le rôle de garde-barrière à l’entrée du parking du musée pour nous permettre de nous garer). Arriva ensuite Sylvia, qui après une mauvaise blague de ma part, au téléphone, faillit se retrouver à l’autre bout de la ville et manquer ainsi l’heure du rendez-vous. Puis Bruno. Notre cinquième compère devant nous rejoindre en milieu de soirée, nous prenons sans plus tarder la route pour l’Espace Riquet, sur un chemin montant, sablonneux, malaisé, et de tous les côtés aux nuages exposé, qui eut vite raison de la cohésion de notre petit groupe.
Les leaders, Serge et Bruno, accentuent leur avance de minute en minute, sans un regard pour le reste de la troupe. Sylvia, qui a pris un mauvais départ et ralentie par les côtes, ferme le peloton. Quant à moi, qui occupe la difficile place du milieu, je suis tiraillée entre le désir d’attendre Sylvia qui me lance des appels de détresse, et celui d’accélérer le pas pour ne surtout pas perdre de vue les maillots à pois dans le dédale de ces petites rues de ma propre ville que je ne connais pas. Finalement, c’est essoufflés, échevelés, mais au complet, que nous faisons notre entrée à l’Espace Riquet, pour la première étape de la soirée. Un peu de visiteurs dans ce musée, curieux de nous voir débarquer chargés comme nous étions.

Les vielles tout juste sorties des housses, on se met à l’ouvrage avec "Chypre", puis "Ballo Francese", et après cette introduction, c’est à Bruno que revient l’honneur de présenter le Paratge des Sirènes. Nous reprenons au moment où est annoncée l’ouverture du buffet, devant un public concentré à se frayer un passage pour accéder aux boissons et petits fours. Nos morceaux, pourtant variés, ne se verront pas salués par des applaudissements reconnaissants et pour cause : un verre à la main et un toast dans l’autre, notre auditoire se trouve bien encombré pour nous témoigner sa gratification, mais peu importe, nous sentons que le cœur y est. D’ailleurs, la fin de notre petit récital approche et nous concluons par le "Se Canto", entonné par Serge, qui nous avait caché jusque-là ses talents de chanteur ; qui, si l’on en juge par les ovations du public, supplante désormais Luc, jusque-là encore inégalé dans ce domaine.

Quatre pour un Paratge © Marie-Thérèse Vezin

Notre prestation terminée, nous sommes invités au buffet, et, à la surprise générale, Bruno arrose cet évènement avec un verre de… jus d’orange !
Après cette première escale à l’Espace Riquet, le quatuor reprend le chemin du Musée du Biterrois. Les violonistes du Conservatoire, qui devaient partager l’animation de cette soirée avec nous, sont déjà installés. Leur professeur nous attend à la porte, et après une brève salutation, s’évertue à nous exposer sa requête : une fois décodées les multiples périphrases et hyperboles, entrecoupées de regards larmoyants dignes d’un dramaturge, nous comprenons qu’en guise de collaboration, il nous propose d’assurer le créneau 20h30 - 0h00, lui se réservant celui de 20h - 20h30, par souci de ses étudiantes (qui, comme chacun sait, doivent être bordées au lit avant 21h, surtout le samedi soir). Nous donnons notre accord, le laissant interloqué, surpris d’avoir gagné sans même avoir engagé les hostilités, un combat qu’il imaginait long et éprouvant. Le pauvre ne savait pas encore qu’il avait à faire à cette catégorie de personnes que l’on nomme pirates, qui s’emparent sans état d’âme de tout ce qui se trouve à portée de main.

Et c’est donc sur un fond musical, que nous prenons notre dîner, généreusement offert par le Musée. Présenté sur un joli plateau-repas, offrant presque autant de variétés que nos buffets R[o]ue de l’Amour, il fut tout de même bien différent de ceux que nous connaissions. Les discours enflammés et autres calembredaines qui rythment d’ordinaire nos repas laissèrent place, cette fois-ci, à une ambiance plus feutrée, quasi monacale, imposée par la sérieuse prestation qu’offraient les violonistes à ce moment-là, derrière la pièce où nous nous restaurions. Nous attendons même religieusement l’arrivée du vin avant de commencer, puis de Serge, qui, pour de mystérieuses raisons, n’aura de cesse de s’esbigner pendant toute la durée du repas.
Tiens, en écrivant ce mot, j’entends d’ici la question qui doit être sur toutes les lèvres : «  et notre signal repas ? ». Nous nous étonnons de son absence, alors que le dîner touche à sa fin. Allait-il faillir à la tradition et arriver une fois les réjouissances terminées ? Sans même avoir vu la couleur du plateau-repas ? Que nenni, notre fidèle camarade était bien là, et ce dès l’ouverture du premier opercule, mais à cause d’une défaillance de réseau, demeurait cantonné à la barrière du parking, sans moyen de nous rejoindre ni de nous faire connaître sa présence. Finalement, à force de persévérance, Bruno finit par capter le début d’un message, et Serge, qui revenait à peine parmi nous, s’en retourne aussitôt ouvrir à notre compère.

Ainsi au complet, nous prenons le relais des violonistes qui, les poches sous les yeux et réprimant à grand peine de longs bâillements, s’en vont au plus vite regagner leurs pénates pour récupérer de leur longue soirée. 
Nous investissons les lieux et improvisons un atelier débutant-déconstruction-confirmé, cette fois-ci hors de notre local, au milieu de vestiges historiques et autres œuvres d’art, attirant tout de suite l’attention des passants. Soucieux de satisfaire leur curiosité, nous transformons notre réunion en petit concert pour leur plus grand plaisir : tout notre répertoire y passe. Encore plus intrigués après cette prestation, les visiteurs nous assaillent de questions : « Questcequec’est ?, commentçamarche ?, pourquoic’estpaslesmêmes ?... » 

Cinq pour un Paratge © Marie-Thérèse Vezin

Tour à tour, chacun se lance, de bonne grâce, dans un résumé concis de la vielle à roue, emprunt d’images et de métaphores destinées à clarifier nos propos, mais tellement différent d’un avis à l’autre que nos visiteurs nous quittent finalement plus perplexes qu’à leur arrivée (leur demander un petit compte-rendu écrit sur ce qu’ils avaient retenu aurait été intéressant, et la lecture des réponses nous aurait certainement assuré un moment des plus divertissants).
Ce 18 mai est, également pour Serge, l’occasion de recruter de futurs paratgeaires, et il n’hésite pas à laisser les petitouts de passage tourner la manivelle de sa Siorat, espérant (tout comme nous) dénicher les futurs Clastrier ou Bouffard, que nous aurions avec fierté pu compter parmi nous à leurs débuts.

Une bourrée dans la Nuit des Musées © Marie-Thérèse Vezin

La deuxième partie de la soirée, plus calme, ressemble davantage à un atelier et nous permet d’aborder et de travailler quelques nouveaux morceaux. Absorbés que nous étions par l’élaboration de notre répertoire, nous nous apercevons à peine que le Musée s’est entre temps vidé de ses visiteurs, et c’est le gardien qui, revenant plus fois vers nous («  vous n’êtes pas trop fatigués ? », «  Il va falloir penser à partir on a programmé l’alarme ! »), nous fait réaliser que notre prestation s’achève. 
Patrice donne alors le signal du départ, avec cette phrase lancée comme un cri de ralliement «  On peut partir, car de toute façon j’ai fini mon plateau-repas ! », que l’on pourra, dorénavant, en souvenir de cette soirée, inscrire comme devise sous le logo de L'Écho, ou plus sobrement sur la housse de sa vielle.


Marie.

mardi 9 juillet 2013

Vielles terroristes contre le Président Poher

Après un ancien article, où nous avions vu le Président Charles de Gaulle échappé de peu à un attentat viellistique, voici qu'un nouveau document, dévoilé par les archivistes de l'Armée française, vient relancer la polémique autour de la trace de la plus ancienne mention du terrorisme sonore.
Autant le cliché précédent montrait, probablement, une manifestation pour le mois pacifique devant le Grand Charles, autant nous sommes visiblement loin de l'acte non-violent si l'on en juge par le geste spontané et protecteur du responsable militaire qui semble ici protéger expressément le chef de la République française.

C'est lors de la commémoration du Centenaire de la mort de George Sand, que le président par intérim, Alain Poher, arrive, reçu en musique à bourdons par Les Gâs du Berry et aultres lieux du Centre. Cela se passe en juin 1976. Le soleil est haut et mitraille les fronts, tandis que les chiens des vielles claquent sur les tables en bois. Le président français pénètre dans la propriété de feue George Sand, où il aura droit à un spectacle donné par la troupe, dans la cour du château.

Le Président Alain Poher, Centenaire de la mort de George Sand, juin 1976 © Les Gâs du Berry

Habitué à ce rôle intérimaire (il assuma le remplacement de Charles de Gaulle, lorsque celui-ci démissionna, durant le printemps 1969, puis revint à la tête du pays entre le décès de Georges Pompidou et la naissance de Valéry Giscard d'Estaing, au printemps 1974), Alain Poher fut un second couteau comblé : le zénith de son temps au gouvernement français est centré sur cette journée en compagnie des vielles et cornemuses du Centre ; pour lui, qui ne connaissait que les binious de son enfance.
De Gaulle avait démissionné avant de pouvoir rencontrer ces musiciens, Pompidou serait mort de regret de ne l'avoir pu faire à temps.

Vive la France !


Pascal.


Nota bene : le cliché est extrait du livre "Cent ans en cent illustrations", édité par la Société des Gâs du Berry, en 1988. Merci à Marc, que nous retrouvons incessamment sous peu — demain ! — pour une soirée viellistique en ses jardins, de nous avoir ouvert ce précieux document.