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lundi 30 novembre 2015

L'Écho des Sirènes, novembre 2015

© Pierre Tissot
Encore un mercredi où je cède aux chants des sirènes ; et, quoique avec du retard, je rejoins le Paratge à Pézenas. À l’arrivée, j’y découvre les désormais traditionnels Marie, Thierry, Jibé et Alain, mais s’y ajoute : le Jipé, désormais à l’heure, une Boudet sur les genoux (à ne pas confondre avec un bout doux sur les genêts). Me sachant co-rédacteur du blog, notre Jipé me fait remarquer l’absence du luthier dans la liste du blog, boudons-nous Boudet, que nenni c’est juste Chougnard© qui prend de la place. Promis Jipé, on l’ajoutera.

De la demi-surprise, arrive la surprise, derrière une Dinota de location se tient un pétillant jeune homme : Fabien. Venu de Gignac, cet habitué du balèti en pince pour la corde frottée, à tel point que, se sentant esseulé sur cette terre qui est à la vielle à roue ce que le Berry est au hautbois du Languedoc, le gars s’adonnait aux cours vidéo du Vacher pour apprendre les bases (le contrepet est plus drôle ici, mais je vous laisse le trouver). Mais comme un bon repas attablé avec quelques potes valent mieux qu’un selfi de sa bouffe balancé à 2000 potes virtuels sur facebook, notre jeune viellant décida — et bien lui en prit — de nous rejoindre.

Fabien, la surprise du Pif Dinota Gadget © Jean-Brice


En premier atelier, on travaille le Kâma-Sûtra de la poignée, ou les positions pour tirer de meilleurs coups dans un tour de roue. On y travaille, teste, répète, explique et discute. Puis, comme des pauses s’imposent, Jibé nous raconte ses chinoiseries avec une élève orientale à laquelle il donne des cours avec traduction. Cela doit être coton de donner de tels cours sans choper le bourdon, mais, à force de bonne volonté, le conseil se renforce et le confus s’y use. Quitte à nous endormir moins cons le soir, il nous apprend qu’en chinois, le bourdon se dit won won. À vos imaginations pour tenter de trouver le nom des autres cordes, toujours dans la même langue.
D’ailleurs, Jibé continue à nous intriguer, puisqu’on le voit régulièrement consulter son portable avec une mine de conspirateur et, lorsque nos regards se font insistants, il coupe court en nous disant « vous allez voir le nouveau… ». Le nouveau quoi, le nouveau qui ?

Au cours de l’atelier, le Jipé me pose une colle ; en-effet, mon chien ne vibrerait pas. J’en demeure interdit, Jibé incrédule, Thierry goguenard, les autres dépassés. Siorat m’aurait vendu un chien d’arrêt ! « Et pourtant elle vibre ! » s’exclama un Jibé galiléen. Oui, mais sans bouger, selon Jipé.
L’énigme est là, on connaissait le vélo sans les mains, le génie sans bouillir, l’avion sans ailes, le café sans sucre, la bière sans alcool, la cigarette sans filtre*… bizarre, vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre. Maintenant, il est vrai que rapport à un berger du Morvan, mon chien claque moins, mais bon… de là, à dire qu’il le fait sans bouger, le mystère reste entier.

Pierre et Jean-Brice, génies-sans-bouillir © Jean-Brice


Ana nous rejoint et s’assoit près de Fabien, du coup les Dinota sont ensemble. Une fois de plus, Jibé consulte son portable et lâche que le nouveau s’est paumé. Du coup, on sait qu’il va y avoir encore du nouveau, et que ce dernier tourne dans la Zone d’Activité Commerciale attenante.
Quelques minutes plus tard, tadam ! Zack apparait, pas les magasins, le bonhomme, d’ailleurs il y a un K. Entrée remarquée, il envoie deux trois blaguounettes qui font tordre Thierry, dont Zack pensait qu’il était plus petit. Et, à propos de petits, nous apprenons, toujours de Zack, que le lutin pue, sans doute pour éviter qu’on ne l’écrase.

Ana nous rejoint et s'assoit près de Fabien, dit la chronique… © Jean-Brice

Patrice et Jean-Pierre dit Candide Renoir, dit la chronique © Jean-Brice

Quelques minutes plus tard, c’est le Pat qui nous rejoint, il nous explique une histoire avec Candice Renoir qui lui fît louper la sortie de l’autoroute et se retrouver à Lodève, en tout cas, malgré le retard, notre vielleux ténor arrive de moins en moins à l’heure des repas, faisant mentir sa légende.
Sur ce, Jipé plie vielle et part (NDLR : seul le rédacteur de cette chronique assumera cette pub déguisée pour une marque d'eau en bouteille), Fabien ne tarde pas à lui emboiter le pas, nous attaquons l’atelier confirmé. Fabrice propose d’autres morceaux, dont un rythme à cinq temps sur un morceau médiéval qui est d’habitude rythmé sur un mode pair, ce qui fait dire à Thierry que c’est de l’impair malléable.
Puis,   après présentations et discussions, nous embrayons sur un nouveau morceau.
Vient enfin la troisième mi-temps, le repas sur le pouce. Nous nous attablons, et nous apprenons que Zack est magicien. Notre auberge espagnole devient le cadre d’un close up avec un débouche wc de hamster et un jeu de cartes, c’est surréaliste et pourtant ça marche. On en profite pour faire connaissance avec ce nouvel arrivant, qui est resté partager le pain et le sel avec nous. Au gré des conversations entrelacées, il est question de la Bellucci, et Zack nous apprend qu’outre Pyrénées on le confond souvent avec son ex, ce que la gent féminine du Paratge ne partage pas (de là, à dire qu’il y a trop d’Ibères métropes…). On avait Alain de loin, on a Vincent cassé, comme dirait Jean Brice de Nice. Moi qui lui trouvais une touche Kid Creole and the Coconuts.

Zack-le-Magicien : il fait apparaître Bellucci,
des noix de coco, une vielle © Jean-Brice


















On palabre, je ressors de ma musette l’idée de travailler sur les pommeaux de vielle dont nous parlons avec le Thierry. Doucement la soirée tire à sa fin, on tchache encore sur le trottoir devant l’école, puis nous nous quittons, nous donnant rendez-vous au mois de décembre. Un Paratge qui s’étoffe en somme et c’est tant mieux.


Pierre


*Fumer c’est pas bien et boire avec mode et ration.

mercredi 4 novembre 2015

L'Écho des Sirènes, octobre 2015

© Pierre Tissot
Marie... aquí
Jibé... aquí
Thierry... aquí
Max... aquí
Alain... aquí
Pascal... aquí
Patrice... aquí
Sylvia... absenta
Ana... absenta

La rentrée se faisait, en ce premier mercredi d'octobre, à la Calendreta de Pézenas, avec, dans la cour de récré, un petit nouveau, ancien : Jipé. Attention ! pas Jibé : chez le premier la queue est en haut, chez le second elle est en bas, ne pas confondre le p et le b.
Je reviens au nouveau. Dans la cour, assis à côté d'Alain, Jipé ― ou Jean-­Pierre, pour ceux qui ne sont pas familiers. Paratgeur de la première heure, qui avait disparu des rencontres quelques années, et qui revenait nous dire un petit bonjour et voir s'il y avait encore de la place en premier atelier. Place il y a, comme qui dirait, tout vielleux prêt à s'investir et à travailler dans la convivencia est toujours le bienvenu. Quoiqu'il en soit, il nous abandonnait, à charge de revenir les prochaines fois, au début de l'atelier.

Cette année, par l'entremise de Jibé et les bon soins de Thierry, on inaugurait le Garatge des Sirènes, une sorte de copier-coller du principe Lefeuvre / Mounier, avec tout le respect dû à nos aînés en idée : le luthier intervient sur vielle durant l'atelier. Don Jibé rapportait une vielle à régler à Thierry. Ainsi, alors que nous répétions exercices et morceaux, l'homme des bois, de lutherie, œuvrait dans l'arrière salle. Quand il y a un bref pépin sur ses vielles, Thierry l'affronte. Ta ta ta, ta tata, ta ta !!!

Avec Thierry, concept Garatge des Sirènes © Jean-Brice

Le Garatge des Sirènes, la vidange des 10.000 tours © Pierre Tissot

Pour l'initiation, Jibé revient aux fondamentaux des fondamentaux, la transcendance originelle et vecteur de tout ce qui s'en suit, du coup de Huns. En effet, un mauvais coup de Huns, mal placé, pas dans le tempo, et on s'en va mordre le gazon, comme disait Attila qui s'y connaissait en jardinage. Et un..., et un..., et un... ça ressemblait à un banc de rame dans une galère romaine. Il faut ce qu'il faut, ma bonne dame, et comme disait Chopin à Musset, sur le perron de Nohant, pendant que George marchait : « On se souvient toujours de son premier coup ! ». Du coup, personne n'y coupa.

Puis, quelques petits morceaux par là-dessus, pour adoucir l'aridité de la chose, et Pascal, puis Patrice, nous arrivaient. Ce dernier, passant la sublime porte et entendant nos travaux, s'exclamait : « Ça bosse dur, ça bosse fort ! ». C'est aussi ça, la touche Paratge des Sirènes.

Ça bosse dur, ça bosse fort : la preuve par l'image © Jean-Brice

On passa, sans transition, du premier atelier au second, et on remit tout le monde aux Balkans, en travaillant le morceau de Brégo. On se rafraichît mémoire et menottes, Max en profita pour apprendre les mélodies, on discuta temps et découpage rythmique. Le temps passa en reprise et en essais, puis le tête pleine et le ventre vide, vint le moment de mettre la table et ce qu'il y a dessus.

Chacun y alla de ses anecdotes. Pat nous raconte les enregistrements faits avec Pascal et l'ami Mathieu de Vagarem. Précisons que ce dernier est sonneur, preuve que le vielleux n'est pas sectaire, et que Pascal s'adonne aussi au coussin péteur, preuve que le vielleux est capable de traîtrise (quitte à taquiner Kakine, méfions-­nous du vielleux qui dort, il y a peut­-être un cornemuseux qui sommeille). Pascal, à ses heures perdues, s'adonne aux joies de la boha, prononcer bou... heu, en expirant largement le h, à moins qu'il soit question d'en aspirer fortement ; quoiqu'il en soit, ça ne se prononce surtout pas comme cela se lit. Comme disait l'autre Marseillais, dans une pub pour la tarte flambée, « Je sais pas le dire, mais je la mange bien ! ». Enfin, quoique le Pascal ait joué en terrain bouHeux, tout ce beau monde a enregistré du médiéval qui bouge.

Nous évoquons l'absence sylviesque, qui nous joue, après Apollinaire, les 100.000 vielles, puisqu'elle nous préfère, la coquine, les vielles morvandielles, bien plus nombreuse aux nôtres, piscénoises.
Pat et Max nous évoquent leur passé dans les tavernes danoises, où ça sentait bon le rollmops jusque dans le cœur des krisprolls, et dont ils tirèrent une leçon : quand Danois sains, vielle vient, à Danois pleins, fifre tiens. Il parait que ça permet de conserver l'instrument plus longtemps.

Pat et Max, survivants de la conquête danoise d'un siècle passé © Jean-Brice
 
Les sujets et occasions de rigolades furent, ma foi, nombreux, et j'en oublie, comme toujours, un nombre incroyable. Il y fut aussi question d'un éventuel déplacement en terres alsaciennes, mais ceci est une autre histoire...
En conclusion, toujours une bonne ambiance, et la joie de se retrouver autour de la vielle à roue et de la table.

Au prochain Paratge, donc !


Pierre