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lundi 24 octobre 2016

L'Écho des Sirènes, septembre 2016

© Pierre Tissot
Comme l'on ne met la charrue avant les bœufs, ou l'on ne fait Pâques avant les Rameaux, il n'y a de rentrée viellistique sans, au préalable, un Paratge hors-les-murs à Clapiers.
Pour maintenir cette tradition — la quatrième édition, narrée ici sur le deux cent unième article du Blog qui file le bourdon —, ils étaient une trentaine à venir planter leur chaise en les jardins de Marc & Kakin. Le Paratge des Sirènes était, quant à lui, représenté par ses fidèles monocycleurs : Marie « Hurdy Gurdy Girl », Pierre, Alain, Thierry, Pascal ; soit une cinquantaine de cordes vibrantes, excusez le vacarme !

À l'heure où les moustiques attaquent l'apéro — nous avons beau nous plaindre à l'organisation, chaque année, c'est la même chose ! —, nous dérangeons les instruments de leurs coffres. Citronnade sur les gambettes, colophane sur les roues, le Paratge en quintette accueille notre hôte en son sein — c'est que l'on sait recevoir, nous autres ! —, et voici Marc, vielle à six-coups au ceinturon, prêt pour le massacre (de moustiques !), portant à soixante le nombre de cordes vibrantes.
L'on survole le répertoire, en guise de tentative d'accordage. Puis, l'on rejoint les premiers invités, avec qui, pour être au diapason, nous faisons joliment tinter les verres.



La table est riche. Des trésors dans les plats (les petits et les grands), et, autour, une véritable Cène (pour laquelle, notre Thierry peut très bien jouer le premier rôle…). À cet instant, le mot d'ordre est : « Avec ou sans poivrons ? » Nous focalisons les échanges sur la question. Elle est essentielle. Il faut s'engager. Faire fi de son introversion naturelle, et répondre, sous peine de passer à côté d'une assiette goûteuse. Il est vrai, tout est question de piment, dans cette soirée. D'ailleurs, bientôt, une autre véritable scène se prépare, sur la seconde terrasse. Là, face à la lune, cela ne manquera pas de piquant, sûr.

Ici aussi, il ne faut pas trop réfléchir. Ne pas trop se gratter le menton, imberbe ou non. Deux temps ou trois temps, on ne peut hésiter, il faut trancher, choisir, s'engager. Sans cela, c'est bancal. Que l'on soit musicien ou danseur, d'ailleurs.
Avec Marc, nous entamons la partie de la nuit de concert. En trois courts morceaux, tout le monde s'accorde à constater que l'élève — qui joue à domicile, certes — est en train de dépasser le maître.
De quoi annoncer un récital, en grand ensemble de six roues libres. Six planètes révolutionnant un monde qui bourdonne, qui vibre, qui sympathise. À tous les six, nous sonnons en harmonie, tel le ronflement cotonneux d'une R8 Gordini au démarrage. Sous la lune. Et c'est beau, relèveront, plus tard, les nouveaux voisins de nos hôtelier. Une chance pour eux, car l'on ne va pas déménager pour des gens qui ne supporteraient, une fois l'an, les mélopées d'une demi-douzaine de vielles polarisées par les astres.

De la "Bourrée à Aurore Sand" à "Underground", d'une polka pour danseuses d'un soir à divers airs de multiples traditions, toutes les mélodies sont redessinées à la manivelle Paratge. Cerise — ou bougie, plutôt — sur le gâteau, un petit "Joyeux anniversaire", arrivé discrètement par un vol de chanterelles (à cette heure, les moustiques sont allés se coucher), célèbre même les quelques printemps de Nicole et Hélène, qui sont parmi nous, ce soir.

En résumé, un repas et un concert aux parfums d'été indien, ponctué par des « Je t'aime » et des « Moi non plus », échangés entre scène et jardin, symbolisant tout l'antagonisme nord/sud en un sketch ininterrompu, une comédie à la Tati, une bédé avec deux personnages psychédélique dignes d'un Robert Crumb au sommet de son art.

Un Partage hors-les-murs fidèle à sa réputation de plus grand festival de vielle à roue de toute l'Occitanie.
Avancez charrue, Pâques et saison du Paratge, tout est prêt !


Pascal