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mercredi 19 novembre 2014

Rhââ lovely hurdy gurdy

En ce 19 novembre, Journée mondiale des toilettes publiques, fléchissons-nous un instant sur un moment de grâce de la carrière de l'un des auteurs du film "Les vécés étaient fermés de l'intérieur".
Si nous évoquons, à nouveau, ici, Gotlib, c'est parce que parmi les joueurs de vielle du Paratge des Sirènes, deux sont d'illustres athlètes gauchers, qui avouent avoir été grandement influencés, dans leur jeu inversé, par un dessin dudit auteur. C'est, probablement, vrai.

À moins, que cela ne soit le contraire.
Il est vrai, qu'après avoir reproduit, sur ses planches, The Beatles ou Frank Zappa, il manquait à Gotlib le dessin d'un autre musicien exceptionnel : le joueur de vielle. Tous les vielleux connus alors sont droitiers, comment le représenter la manivelle à gauche, si ce n'est en prenant modèle ?
Le voici, ce vielleux, fringant, vif et beau, comme un vrai, accompagné par deux autres musiciens traditionnels, un joueur de cornemuse (au profil ingrat, comme un vrai) et un percussionniste moyennement intéressé par le jeu du soliste (toutes les blagues sur les batteurs attestent cela), qui esquisse visiblement une polka piquée.


Le vielleur (gaucher) au chapeau,  © Gotlib

Même si, d'emblée, la filiation avec Le vielleur au chapeau de Georges de la Tour est frappante, il apparait que les traits au pinceau sont postérieurs à la période du peintre lorrain. Une analyse précise confirme que, comme nous l'annoncions plus haut, la toile doit bien être attribuée à l'humoriste d'origine hongroise, Gotlib.

Car il ne fait aucun doute que la scène ci-dessus est comparable à celles que nous avons l'habitude d'apprécier chez Gotlib.
Nous connaissons les personnages principaux de Gotlib : Gai-Luron, Superdupont, Pervers Pépère ; ses œuvres éternelles : Les Dingodossiers, La Rubrique-à-Brac ; ses publications, qui ont donné ses titres de noblesse és-bandes-dessinées à la France des années '70 : L'Écho des Savannes, Fluide Glacial ; et nous apprécions son humour noir, son art burlesque, son apologie de l'absurde.
Il est un maître dans ces exercices, à l'instar d'un Mandrika ou d'un Fred, mais qui n'ont, eux, parachevé leur œuvre en croquant notre chère boîte à bourdons.

N'empêche, ce menton et ce sourire à la Jim Carrey, difficile de ne pas croire que l'auteur n'a pas voulu caricaturer l'un de nos deux complices du mercredi…


Pascal

lundi 3 novembre 2014

L'Écho des Sirènes, octobre 2014

© Pierre Tissot
Le premier mercredi du mois, qui est le premier jour du mois : bonne conjonction calendaire, pour nous retrouver autour de notre instrument totem. Mais toute la tribu n’était pas au rendez-vous : l’insubmersible Sylvia n’a pu passer Montpellier, le gars Villômé était retenu au théâtre, Raphaëlle à Marseille, Christiane à la maison, quant au Sergio, nous l’espérâmes mais nous ne l’eûmes.

Pour le premier atelier, je m’occupe d’Ana, Alain et Thierry, pendant que Jibé et Marie planchent sur les prochains évènements du Paratge des Sirènes dans le cadre de L’Imagineïre.
Position de main sur la poignée, repérage du premier coup sur tour de roue, premiers exercices sur les deux premiers coups dans des formats de relâchés divers et variés. En dehors de Thierry, qui connait déjà la musique et en profite pour réviser, nos deux comparses s’escriment et voient le monde qui s’ouvre à eux, rien qu’avec cela. Puis, je passe la manivelle à Jibé et Marie, qui continuent le travail sur les mélodies, notamment un rigodon.

Jean-Brice rigodonne les mélodies © Pascal
Thierry, tout en longueur vibrante © Pascal












Les choses se font lentement, avec pédagogie d’un côté et entrain de l’autre. Ana nous apprend que sa Dinota ne devrait pas tarder à arriver sur ses genoux. Thierry, notre luthovielleux ou vielloluthier, me montre sa dernière modification sur sa vielle pour raccourcir la longueur vibrante de la corde, ingénieuse, efficace et esthétique. Jibé négocie une vente de vielle à Alain. Puis, c’est la Pause BN. Ana s’en va, la musette pleine de choses à faire avant le prochain Paratge.

Bruno ou l'art de déconstruire © Pascal
Pierre, coudes serrés dans la tourmente © Pascal












Vient le tour du Bruno, pour nous faire déconstruire. Pascal en profite pour nous rejoindre. Nous remettons en route son fameux système rythmique improbable, dont seul il a le secret, mais qu’il partage avec l’équipe. Thierry en a des battements dans les veines temporales, Jibé garde le tempo, râle, et se cramponne, Marie en a des crampes on ne peut plus crispantes, je me crampo-crispe en tirant la manivelle, seul Pascal manie vielle en douceur. Mais nous nous serrons tous les coudes dans la tourmente.

Pascal, le sépulcral © Pascal
Max, encodé au 33e degré © Pascal











Puis, Jibé suggère de passer à l’atelier confirmé, et là, choc. Il propose, en-effet, de retravailler le "Ridiculous Sisters", quand, tout à coup, Marie devient rouge comme Pépé dans "Astérix en Hispanie", et en prise à des ricanements nerveux. On découvre, alors, que le fameux morceau dont elle ne trouve pas le nom mais dont elle nous dit pis que pendre, depuis plusieurs répétitions, n’est autre que ces sœurs ridiculesPour lui éviter une implosion, nous optons pour un autre morceau. 
Sur ce, nous arrive Max, qui entre dans l’atelier confirmé, atteignant de ce fait, le 33e de gré de l’initiation du Franc Manivellant — appelé, aussi, Ordre-du-chevalier-de-Septentrion-du-doigt-dans-la-roue-obsidienne-de-la-vielle-du-grand-Horloger. Don-Jibé, en tant que Grand Éveillé, lui donne son code Dropbox. Il nous accompagne, pour un travail sur la première des quatre scottisches de Lefeuvre.
On décompose, on apprend phrase à phrase, puis on parle orchestration. Pendant qu’on fait tourner le premier morceau, Pascal s’amuse à trouver des voix parallèles, suivi par Jibé. Ils donnent à la mélodie principale, un ton funèbre voire sépulcral.

Marie… un peu de douceur dans un monde de vielleurs © Pascal

Nous passons ensuite à table où, entre apéro, pizza Bricciotti, tielle de Sète, pâté sans pain et sucreries de Marie, nous devisons.
Bruno lance l’idée d’un travail sur une mélodie drolatique, on revient sur les voix funèbres du sombre Pascal qui nous évoquent la "Danse macabre" de Saint-Saëns, le pèr’Bruno propose que l’on joue pour des obsèques sous la pluie — ce qui sonne comme un oxymore —, puis nous dérivons sur ce que Marie appelle l’obsolescence programmée. Vient un sujet bouillant, la politique. Bruno nous entretient du système de mise en orbite sur Mars du satellite indien, que ne renierait pas Thierry-la-Fronde. Enfin, il nous dépeint, avec sa gouaille habituelle, les vies et fins de vies mouvementées du quartier, qui nous propulse dans une ambiance que ne renierait pas Villon.

Paratge septet : un dernier Hymne à la Rue de l'Amour © Pascal

Avant de nous séparer, nous disons adieu à notre bon vieux salon de coiffure, puisque nous décampons le mois prochain dans un autre atelier qui reçoit notre caravane viellistique.
Nous en aurons connu des points de chute, depuis les débuts du Paratge : Cœur de ville, Perle Noire, Pôle des Métiers d’Art, Rue de l’Amour.

Précisions seront faites pour donner le lieu de notre prochain Paratge.



Pierre