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jeudi 30 avril 2015

L'Écho des Sirènes, mars 2015

© Pierre Tissot
En ce premier mercredi de mars, nous nous retrouvions chez Bruno, pour ce nouveau Paratge.
Ce dernier (le Paratge, pas le Bruno : NDLR), tout à ses apprentis en accordéon, suivait d'un œil et d'une oreille dilettantes notre premier atelier, qui s'avéra… l'unique.

À cette rencontre, se trouvaient Jibé, Alain, qui nous narra les suites de sa chute malencontreuse au Paratge précédent, Thierry, le cuisino-luthier du Tarasconnais, qui nous présenta sa troisième vielle (ce diable d'homme, mordu par un chien de vielle, a attrapé la rage de la lutherie), Max, de retour après une courte absence, de même que l'inoxydable Sylvia, et Ana, toute heureuse de retrouver cette constellation de vielleux méridionaux.
Si l'on ajoute, à cette équipe, ma truffe, c'était une belle brochette qui, empoignant manivelle, se mit à pied d'œuvre.





















                               Brochette de truffes : Jean-Brice, Bruno, Thierry, Pierre © Pascal (archives)


Les exercices et le travail sur morceaux se firent et, les secondes, minutes et heures suivirent leur implacable cours.

Puis, sans proposition de déconstruction, ce qui, vu l'occupation de l'ami Bruno, était fort compréhensible, et les obligations des uns et des autres, le Paratge connut une hémorragie soudaine de ses participants : Jibé et Max firent leur révérence, Thierry et Sylvia nous annoncèrent leur proche départ pour leurs lointaines pénates ; du coup, Ana et moi, ne sachant que faire, prîmes la décision de suivre le mouvement, non sans avoir averti par messagerie le Patrice, attendu plus tard.

C'est autour d'un verre de rouge que, Sylvia, Ana, Bruno, Thierry et moi, nous séparâmes… laissant le pauvre Patrice, qui avait reçu le message trop tard, en tête à tête avec Bruno ; nostra culpa.


Pierre

mardi 21 avril 2015

D'Annie Chanterelle à Sheila,
le parcours d'une vielleuse yéyé

Après la découverte de la vielle nyenyere de Béla Bartók, arrêtons-nous un instant sur le parcours d'une joueuse de vielle yéyé bien française.

Comme son matronyme l'indique, Annie Chanterelle est originaire du Cantal. Née au cœur d'une famille connue des bals régionaux et des noces traditionnelles, si elle danse en sabots, chante en patois, c'est très rapidement comme instrumentiste, comme vielleuse, qu'elle se fait repérer au gré des fêtes folkloriques de sa contrée.

En 1962, malgré une rude concurrence (S. Vartan, F. Hardy, É. Girardon), elle remporte le concours vielle à roue soliste de St-Chartier. Mais, influencée par les idées nouvelles de la contre-contre-culture, elle refuse, fièrement, de recevoir son prix, et s'échappe à Paris, en faisant un immense pied-de-nez au mouvement hippie, qui voyait en elle l'égérie de la génération Tête de Bois — en référence au chevillier de la vielle.
Jacques Chancel remarque alors la petite provinciale : avec cet instrument de musique au corps à damier, l'initiateur de l'émission Le Grand Échiquier ne peut rester insensible au charme et de la vielle, et de l'artiste. Notre musicienne devient ainsi Annie Chancel, adoptant un nom d'épouse que les biographes, généalogistes et wikipédistes retiendront souvent, évinçant l'originel et emblématique nom d'ostal Chanterelle.

Annie Chanterelle, dite Sheila © Mademoiselle Âge Tendre, 1963

De ses premières années comme joueuse de vielle à roue, seul demeure ce magnifique cliché, sur lequel on peut apprécier le jeu en tapping qui inspirera plus tard bien des viellistes...
L'idylle avec Monsieur Chancel ne durant pas, c'est vers 1970, peu après les adieux à la scène de l'un des plus grands groupes du moment, The Beatles Funibus Folk, qu'Annie rencontre le batteur dudit folk band : Ringo. En convolant avec lui, elle change totalement de nom, et opte pour Sheila, qui ne veut rien dire ; pas plus en patois, qu'en français ou qu'en anglais. Un mystère, même si d'aucuns y ont parfois entendu une brève allusion au début du refrain de "L'Internationale", chantée avec l'accent auvergnat. Plus sérieusement, certains toponymistes émettent qu'il s'agit là d'un clin d'œil au hameau qu'habitaient ses aïeux : le Mas du Cheylard.
Cependant, artistiquement, la suite de sa carrière prend surtout un tournant, quand elle croise l'un des musiciens du chanteur Ricet Barrier, qui lui suggère discrètement d'oublier les bourrées à trois temps de son Cantal natal, pour étudier les rythmes binaires, plus modernes, de la musique disco. Grand seigneur, ledit musicien lui propose même de la remplacer au pied levé, pour ce concert qu'elle doit donner aux Rencontres de St-Chartier de l'été 1982.

Ainsi s'achève la brillante et trop méconnue carrière de l'une des premières vielleuses du renouveau de la vielle à roue, qui, malgré quelques tentatives pour revenir sur le devant de la scène trad, n'arrivera plus jamais a égaler le talent qui était le sien durant les deux précédentes décennies.

Un grand merci à Jean-Luc Matte, cornemuseux, chineur, iconographe et photographe, qui a bien voulu feuilleter sa collection du magazine Mademoiselle Âge Tendre, afin de nous dénicher l'unique illustration où l'on peut admirer Annie Chanterelle, dite Annie Chancel, dite Sheila, dans sa célèbre jupe plissée façon Fanchon la vielleuse.


Pascal

jeudi 9 avril 2015

L'Écho des Sirènes, février 2015

© Pierre Tissot
Ce 4 février 2015, le deuxième Paratge de l'année s'organisait dans les appartements habituels de l'atelier de Bruno.

Sylvia n'était pas là, probablement retenue par le onzième anniversaire de Facebook (4 février 2004), qui se tenait en un lieu secret de son village. Max, non plus, très certainement attardé en quelque soirée hommage consacrée au cent dixième anniversaire de la naissance de Jacques Prévert (4 février 1900).

Mais Patrice, ayant refusé — tout fan de bédé qu'il est — de participer à la commémoration de la première de Bécassine (4 février 1905), Jean-brice, excusé auprès de John Steel qui fêtait son birthday (4 février 1941), Thierry, échappant de peu à la soirée festive organisée pour Alice Cooper (4 février 1948), et Pascal, absent notoire aux soixante trois ans de Gabriel Yacoub (4 février 1952), étaient là, vielles parées.
Même Marie, des cernes plein les yeux au lendemain de la fête de la saint Blaise, se tenait au milieu de nous.

Quant à Pierre, chargé d'écrire le pévé de nos mercredis, bien présent parmi nous, on ne sait où il termina la soirée. Même son papier, son compte-rendu, sa narration de prose et d'humour a disparu avec lui.
Ne restent que les éclaboussures de son pinceau, qui témoignent qu'il passa l'après-midi de ce mercredi à peindre l'un de nous.


Thierry, avec sa vielle © Pascal

Thierry, sans sa vielle © Pierre Albrecht Dürer

Bravo Pierre, tu es tout excusé d'avoir oublié d'écrire cette chronique !
Mais, la prochaine fois, dis, qui croqueras-tu ?


Pascal