© Pierre Tissot |
Mercredi 6 juin.
Point de pâté de chat ce soir, car point d’ami Pierre non plus. Inquiets, nous nous interrogeons : le Minoutore serait-il finalement sorti vainqueur de leur combat nocturne dans le labyrinthique oppidum lors du Paratge du mois dernier ? Sans l’aide d’Ariane, Pierre aurait-il filé à l’anglaise, ou pire, serait-il encore enserré dans ses ruines d’Ensérune ? Quoi qu’il en soit, appelons un chat un chat : pas de minet au menu ce soir.
D’ailleurs, pas de pâté du tout, car Thierry est retenu par une Italienne répondant au doux nom de Sciatique.
Ça ne se bouscule donc pas dans le premier atelier aux côtés de notre émérite maître de cérémonie, j’ai nommé Jean-Brice-Castanha, qui porte tout de même trois prénoms cela dit en passant. En indéfectible premier de la classe, Alain est là dès avant l’ouverture du foyer, et Ana est venue fort heureusement rattraper quelque peu l’effectif de l’après-midi. Le trio potasse une version très locale de "Derrière chez nous" quand arrive Donominalexandrinadjiunmiliagalie, qui s’installe brièvement.
Point de pâté de chat ce soir, car point d’ami Pierre non plus. Inquiets, nous nous interrogeons : le Minoutore serait-il finalement sorti vainqueur de leur combat nocturne dans le labyrinthique oppidum lors du Paratge du mois dernier ? Sans l’aide d’Ariane, Pierre aurait-il filé à l’anglaise, ou pire, serait-il encore enserré dans ses ruines d’Ensérune ? Quoi qu’il en soit, appelons un chat un chat : pas de minet au menu ce soir.
D’ailleurs, pas de pâté du tout, car Thierry est retenu par une Italienne répondant au doux nom de Sciatique.
Sur ses talons, Flavia fait son entrée, et calme bien vite l’enthousiasme ambiant que suscite son arrivée : notre dernière conquête nous annonce pleine de remords dans la voix qu’elle est venue rendre sa vielle. Malgré toute son envie d’en jouer, son poignet gauche cassé il y a un an l’en empêche, et transforme ses séances de vielle en scènes de torture. Elle court aussi le risque de ne plus pouvoir jouer de la guitare, qui est son gagne-pain. Piteux et dépités, nous encaissons la nouvelle avec désarroi, avec pour seule consolation l’assurance de n’avoir pas compté dans nos rangs une adepte forcenée du masochisme. Las, nous recevons le poutou et l’accolade finale de celle qui aurait dû vieillir avec nous et qui prend une autre route, semant dans son sillage le souvenir de sourires enfantins, de chiens de un, et de yeux émerveillés au son de la vielle.
Flavia, sourire enfantin, et yeux émerveillés au son de la vielle d'Alain © D…e
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Il nous faut manger ou boire quelque chose pour encaisser le coup. En l’absence de Thierry et de ses attributs œnoliques, et tel un bon homme nous offrant le consolament, Jean-Brice dégaine une fouace. Et là, un miracle s’opère : dans un élan de mimétisme créateur, soudain Ana produit exactement la même. C’est la multiplication des pains ! Un véritable mystère cathare vient de se produire aux pieds de l’église de Tourbes. Pour ne pas risquer d’attirer l’attention ni les soupçons de l’Inquisition quant à une possible hérésie au sein du Paratge*, je lève immédiatement le voile sur ces faits authentiques : le 4 octobre, Jean-Brice avait récupéré la fouace d’Ana, délaissée et intouchée, l’avait congelée chez lui, et devant l’insistance de son épouse, l’avait dégelée et rapportée au Paratge ce jour. Cette phrase constitue au demeurant un exemple éloquent du rôle de l’antécédent grammatical complet par opposition à celui de l’antécédent partiel dans la reprise d’un syntagme de possession par un pronom personnel complément. À vous de jouer !
Bonne femme et bon homme cathares multipliant les fouaces © D…e
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À l’instar des fouaces, les paratgeaires commencent à se multiplier eux aussi avec l’heure qui tourne. Culminant du haut de son mètre 90 et de son prénom, Max nous revient ce mois-ci sans vielle. La sienne est en réparation chez Thierry, notre luthier-Père-Noël attitré. Mais calendrier de l’Havond oblige, Max ne la récupérera pas cette fois-ci. Sautant sur l’occasion, Jibé troque la fouace pour la farce, révélant ainsi son côté obscur en plein jour : avec le talent d’un Macron, Jean-Brice fait marcher Max en lui faisant croire que la vielle rapportée par Flavia est celle que Thierry lui rend. Et comme avec l’électorat français, ça marche ! Ça court, même ! L’air contrarié, Max se renfrogne, se met à bougonner, puis commence à râler. Juste avant que la vielle de Flavia ne passe par la fenêtre, Jibé met fin à la farce et à la fronde, et nous reprenons le cours de nos ronrons à la manivelle.
Ah, voilà d’ailleurs Marie, de son patronyme « Friedmann », ce que certains piètres linguistes traduisent à tort de l’alsacien par Marie « Et-le-dessert ». Nous reprenons l’air derrière chez nous et trouvons là un terrain d’entente pour combiner artistement les versions oïl et oc de cette bourrée à 2 temps. Sous le dressage de Marie, les vielles finissent par aboyer comme de mignons chiens croisés Berrichon Biterrois.
Il est 19 heures. The Papas arrivent sans the Mamas. Pas de "Monday, Monday" dans l’air, surtout qu’on est mercredi, ni de "California Dreaming", mais un Patrice et un Pascal qui font quand même rêver. Au moins jusqu’à ce que Patrice lance sa première remarque sur l’actualité du rugby, c’est-à-dire en moyenne 27 secondes. La première passe va toujours vers JB, qui tente l’essai ou fait une chandelle pendant que la plupart des autres paratgeaires bottent en touche. Heureusement, c’est bientôt la Coupe du Monde de Football, ce qui permet de changer de sujet.
La vielle à roue, un sport de haut niveau © D…e
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Comme lors du décès de Johnny, S.A.M.M.A.N.D. est la seule à ne pas être au courant. Ne pas avoir la télé fait vraiment courir le risque de passer à côté des choses essentielles.
Or, donc, nous rassemblons nos esprits et nos talents harmonieusement complémentaires pour esquisser un "Derrière chez nous" de derrière les fagots. Marie prend les devants et des notes dans le calepin dédié au répertoire des 10 ans du Paratge.
Enfin, l’heure du pâté a sonné, mais c’est un glas. Ce soir, pas de charcutaille ni de trucs gras autour de la table. Les Gaulois se nourrissent désormais au sain et au bio. Même le dessert (de Marie est un pléonasme à proscrire ici) est dépourvu de gluten. Le comble pour des gloutons, qui se régalent à l’unanimité des petites madeleines à la farine de châtaigne, à la crème de noisette et au sésame.
Comme d’habitude, on échange longuement des nouvelles, des connaissances, des bons mots, des souvenirs et des spécialités. Comme d’habitude, on papote, on s’exclame, on rit fort et on fait tourner les plats. Comme d’habitude ça se termine par une scène de ménage soigné qui efface toute trace physique de ce qu’il s’est tramé en ces murs pendant quelques heures. Les esprits et les cœurs, eux, sont pleins. Comme d’habitude, quelques inséparables ont besoin d’un peu plus de temps pour se séparer. Comme d’habitude, on paratge.
D…e
* En français du XXIe siècle, on ne parle plus de soupçons d’hérésie par l’Inquisition mais de soupçons de « dérive sectaire » par la Miviludes.
Alors là Donominalexandrinadjiunmiliagalie tu t'es surpassé, c'est de loin ton meilleur écho !!!
RépondreSupprimerPour ce qui est du rôle de l’antécédent grammatical complet par opposition à celui de l’antécédent partiel dans la reprise d’un syntagme de possession par un pronom personnel complément, c'est un sujet à soumettre aux examens du BAC !
Excellent !!!
Etrange paradigme : 1 fouasse 2 = 2
RépondreSupprimerDîtes-moi, l'acronyme S.A.M.M.A.N.D. signifie bien : Son Altesse Marie-Madeleine Abbesse de Notre-Dame ?
RépondreSupprimerOn ne peut rien vous cacher, gentil Jorge Mario.
RépondreSupprimerUne Nostradamuse magdaléenne, en quelque sorte.