Après la découverte de la vielle nyenyere de Béla Bartók, arrêtons-nous un instant sur le parcours d'une joueuse de vielle yéyé bien française.
Comme son matronyme l'indique, Annie Chanterelle est originaire du Cantal. Née au cœur d'une famille connue des bals régionaux et des noces traditionnelles, si elle danse en sabots, chante en patois, c'est très rapidement comme instrumentiste, comme vielleuse, qu'elle se fait repérer au gré des fêtes folkloriques de sa contrée.
En 1962, malgré une rude concurrence (S. Vartan, F. Hardy, É. Girardon), elle remporte le concours vielle à roue soliste de St-Chartier. Mais, influencée par les idées nouvelles de la contre-contre-culture, elle refuse, fièrement, de recevoir son prix, et s'échappe à Paris, en faisant un immense pied-de-nez au mouvement hippie, qui voyait en elle l'égérie de la génération Tête de Bois — en référence au chevillier de la vielle.
Jacques Chancel remarque alors la petite provinciale : avec cet instrument de musique au corps à damier, l'initiateur de l'émission Le Grand Échiquier ne peut rester insensible au charme et de la vielle, et de l'artiste. Notre musicienne devient ainsi Annie Chancel, adoptant un nom d'épouse que les biographes, généalogistes et wikipédistes retiendront souvent, évinçant l'originel et emblématique nom d'ostal Chanterelle.
De ses premières années comme joueuse de vielle à roue, seul demeure ce magnifique cliché, sur lequel on peut apprécier le jeu en tapping qui inspirera plus tard bien des viellistes...
L'idylle avec Monsieur Chancel ne durant pas, c'est vers 1970, peu après les adieux à la scène de l'un des plus grands groupes du moment, The Beatles Funibus Folk, qu'Annie rencontre le batteur dudit folk band : Ringo. En convolant avec lui, elle change totalement de nom, et opte pour Sheila, qui ne veut rien dire ; pas plus en patois, qu'en français ou qu'en anglais. Un mystère, même si d'aucuns y ont parfois entendu une brève allusion au début du refrain de "L'Internationale", chantée avec l'accent auvergnat. Plus sérieusement, certains toponymistes émettent qu'il s'agit là d'un clin d'œil au hameau qu'habitaient ses aïeux : le Mas du Cheylard.
Cependant, artistiquement, la suite de sa carrière prend surtout un tournant, quand elle croise l'un des musiciens du chanteur Ricet Barrier, qui lui suggère discrètement d'oublier les bourrées à trois temps de son Cantal natal, pour étudier les rythmes binaires, plus modernes, de la musique disco. Grand seigneur, ledit musicien lui propose même de la remplacer au pied levé, pour ce concert qu'elle doit donner aux Rencontres de St-Chartier de l'été 1982.
Ainsi s'achève la brillante et trop méconnue carrière de l'une des premières vielleuses du renouveau de la vielle à roue, qui, malgré quelques tentatives pour revenir sur le devant de la scène trad, n'arrivera plus jamais a égaler le talent qui était le sien durant les deux précédentes décennies.
Un grand merci à Jean-Luc Matte, cornemuseux, chineur, iconographe et photographe, qui a bien voulu feuilleter sa collection du magazine Mademoiselle Âge Tendre, afin de nous dénicher l'unique illustration où l'on peut admirer Annie Chanterelle, dite Annie Chancel, dite Sheila, dans sa célèbre jupe plissée façon Fanchon la vielleuse.
Comme son matronyme l'indique, Annie Chanterelle est originaire du Cantal. Née au cœur d'une famille connue des bals régionaux et des noces traditionnelles, si elle danse en sabots, chante en patois, c'est très rapidement comme instrumentiste, comme vielleuse, qu'elle se fait repérer au gré des fêtes folkloriques de sa contrée.
En 1962, malgré une rude concurrence (S. Vartan, F. Hardy, É. Girardon), elle remporte le concours vielle à roue soliste de St-Chartier. Mais, influencée par les idées nouvelles de la contre-contre-culture, elle refuse, fièrement, de recevoir son prix, et s'échappe à Paris, en faisant un immense pied-de-nez au mouvement hippie, qui voyait en elle l'égérie de la génération Tête de Bois — en référence au chevillier de la vielle.
Jacques Chancel remarque alors la petite provinciale : avec cet instrument de musique au corps à damier, l'initiateur de l'émission Le Grand Échiquier ne peut rester insensible au charme et de la vielle, et de l'artiste. Notre musicienne devient ainsi Annie Chancel, adoptant un nom d'épouse que les biographes, généalogistes et wikipédistes retiendront souvent, évinçant l'originel et emblématique nom d'ostal Chanterelle.
Annie Chanterelle, dite Sheila © Mademoiselle Âge Tendre, 1963 |
De ses premières années comme joueuse de vielle à roue, seul demeure ce magnifique cliché, sur lequel on peut apprécier le jeu en tapping qui inspirera plus tard bien des viellistes...
L'idylle avec Monsieur Chancel ne durant pas, c'est vers 1970, peu après les adieux à la scène de l'un des plus grands groupes du moment, The Beatles Funibus Folk, qu'Annie rencontre le batteur dudit folk band : Ringo. En convolant avec lui, elle change totalement de nom, et opte pour Sheila, qui ne veut rien dire ; pas plus en patois, qu'en français ou qu'en anglais. Un mystère, même si d'aucuns y ont parfois entendu une brève allusion au début du refrain de "L'Internationale", chantée avec l'accent auvergnat. Plus sérieusement, certains toponymistes émettent qu'il s'agit là d'un clin d'œil au hameau qu'habitaient ses aïeux : le Mas du Cheylard.
Cependant, artistiquement, la suite de sa carrière prend surtout un tournant, quand elle croise l'un des musiciens du chanteur Ricet Barrier, qui lui suggère discrètement d'oublier les bourrées à trois temps de son Cantal natal, pour étudier les rythmes binaires, plus modernes, de la musique disco. Grand seigneur, ledit musicien lui propose même de la remplacer au pied levé, pour ce concert qu'elle doit donner aux Rencontres de St-Chartier de l'été 1982.
Ainsi s'achève la brillante et trop méconnue carrière de l'une des premières vielleuses du renouveau de la vielle à roue, qui, malgré quelques tentatives pour revenir sur le devant de la scène trad, n'arrivera plus jamais a égaler le talent qui était le sien durant les deux précédentes décennies.
Un grand merci à Jean-Luc Matte, cornemuseux, chineur, iconographe et photographe, qui a bien voulu feuilleter sa collection du magazine Mademoiselle Âge Tendre, afin de nous dénicher l'unique illustration où l'on peut admirer Annie Chanterelle, dite Annie Chancel, dite Sheila, dans sa célèbre jupe plissée façon Fanchon la vielleuse.
Pascal
Alors là, mon Pascal tu t'es surpassé, quant à J.L. quelle heureuse aubaine de feuilleter les vieux magazines. La caisse de vielle en marqueterie est une vraie tuerie !!!
RépondreSupprimerOh, je n'ai pas grand mérite, Pierre : Annie fut ma première prof de vielle, lors je connais son parcours par cœur, tu sais !
SupprimerExcellent ! Quel talent ! ;-)
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerMerci pour cet article.
Il se trouve que la vielle tenue par Sheila sur la photo passe en vente le 7 novembre à Vichy Enchères !
Pouvez-vous me donner le numéro exact de la revue Mademoiselle Age Tendre de 1963 ?
Je vous remercie
Cécile Convert
Vichy Enchères
Bonjour Cécile,
SupprimerC'est une nouvelle intéressante !
L'article a été écrit, grâce à un document d'archive exhumé par notre ami Jean-Luc Matte. Vous trouverez son contact, sur son (magnifique) site consacré à l'iconographie de la cornemuse :
http://jeanluc.matte.free.fr/contact.htm
Merci beaucoup !
RépondreSupprimerJe vais aller faire un tour sur son site qui, effectivement, a l'air très intéressant.
Bonne journée à vous
Cécile